L’Unesco appelle les Syriens à épargner le patrimoine historique

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l’Unesco a appelé jeudi le régime syrien et les rebelles à préserver le patrimoine historique de la Syrie, victime des combats et cible des trafiquants. "J’exhorte toutes les parties en présence à prendre les mesures nécessaires pour éviter que des dommages supplémentaires soient infligés à ce patrimoine qui compte parmi les plus précieux du monde islamique", a déclaré la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, à l’issue d’une réunion d’experts à Paris qui visait à trouver un plan d’action pour sauvegarder le patrimoine syrien. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, participait à la réunion.

"La protection du patrimoine n’est pas une question politique", a martelé Mme Bokova lors d’une conférence de presse.

Plus de deux ans et demi après le déclenchement d’une révolte pacifique qui a tourné à la guerre civile, l’Unesco affirme avoir une idée relativement précise de l’état des destructions. Fin juin, l’organisation avait inscrit sur la liste du patrimoine mondial en danger six sites historiques menacés par les combats: les vieilles villes d’Alep, Damas et Bosra, l’oasis de Palmyre, le Krak des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din, ainsi que des villages antiques dans le nord du pays.

Au-delà des destructions causées par les combats, l’Unesco s’inquiète des "vols" d’objets anciens et des "fouilles clandestines".

"Le trafic est perpétré par des groupes puissants. On parle de crime organisé", a souligné Francesco Bandarin, de l’Unesco. "On trouve déjà des pièces volées à Beyrouth. Il y a un flux d’objets sur certains marchés", a-t-il dit, rappelant les précédents de la guerre en Irak, en Libye et au Mali, où les objets du patrimoine historique sont régulièrement la cible de trafiquants.

Les objets, surtout ceux issus de fouilles clandestines, et qui n’ont donc pas été catalogués à la différence de ceux exposés dans les musées, sont tout particulièrement menacés. "Il s’agit de dommages irréparables", a déploré M. Bandarin.

Interrogé sur un "ciblage" particulier des sites historiques visés, autrement dit sur la possibilité que les rebelles, majoritairement sunnites, s’attaquent à des sites "chiites" tandis que le régime frapperait des vestiges "sunnites", M. Bandarin a estimé que faute de certitude sur l’origine des tirs, il était difficile de répondre.

Selon le rapport présenté jeudi à l’Unesco par Maamoun Abdulkarim, directeur général des antiquités et des musées de Syrie, des "dizaines" de sites ont été touchés dans le pays, principalement à Alep et Idleb (nord), Apamée, Deir Ezzor (centre), Raqqa (est) et Deraa (sud).

Selon M. Abdulkarim, dont le service dépend du ministère syrien de la Culture, les "musées d’Alep, de Deir Ezzor, de Hama, de Homs et de Maarat el Naaman ont été pris pour cible durant des combats".

Au nombre des pillages, le fonctionnaire syrien rapporte notamment le vol d’une statue en bronze couverte d’or de la période araméenne au musée de Hama, des vols de récipients, poignards, pointes de flèche au musée ethnographique d’Alep, la disparition de 17 objets en céramique dans la citadelle de Jaabar.

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