L’Italie met fin à l’isolement de la Libye

L’Italie a mis fin mardi à l’isolement international de la Libye en dépêchant à Tripoli son chef de la diplomatie, premier haut responsable occidental à s’y rendre depuis les violences de l’été 2014.

Paolo Gentiloni est resté trois heures dans la capitale libyenne, où il a été reçu par le chef du gouvernement d’union nationale, Fayez al-Sarraj.

"L’Italie soutient le gouvernement d’union nationale et son conseil présidentiel parce que cela préparera le terrain à la stabilisation de la Libye", a déclaré le ministre italien.

L’ancienne puissance coloniale de la Libye avait été le dernier pays occidental à fermer son ambassade à Tripoli en février 2015. Elle est aujourd’hui le premier Etat européen à y envoyer un haut responsable depuis l’arrivée à Tripoli le 30 mars du gouvernement d’union formé sous l’égide de l’ONU.

Jusqu’alors, la capitale libyenne était contrôlée par une coalition de milices qui en avait pris le contrôle à l’occasion des combats de l’été 2014, qui avaient plongé le pays dans la division et le chaos.

M. Gentiloni a réaffirmé que l’Italie était prête à "coopérer" avec Tripoli dans la lutte contre la menace jihadiste, même si, a-t-il insisté, "cette mission est d’abord celle des Libyens et du gouvernement d’union".

La communauté internationale s’alarme depuis plusieurs mois de la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI), qui s’est implanté dans la ville côtière de Syrte. Certains pays, dont l’Italie, se sont déclarés prêts à participer à une opération militaire internationale antijihadiste sur le modèle de celles engagées en Syrie et en Irak.

"Si et lorsque les autorités libyennes demanderont une aide internationale pour la sécurité, la question serait étudiée et débattue au conseil de sécurité de l’ONU", a soutenu M. Gentiloni. "Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons décider à Rome, Londres ou Washington".

En mars, M. Gentiloni avait lui même estimé que l’organisation radicale sunnite disposait de 5.000 combattants en Libye.

"Le peuple libyen et le gouvernement d’union devront prendre l’initiative de la lutte contre Daech (acronyme arabe de l’EI) et la menace jihadiste", a insisté le ministre italien, dont la visite n’avait pas été annoncée à l’avance.

Réunion à Tunis

Cette visite est intervenue le jour où une cinquantaine de pays et d’organisations internationales étaient réunis à Tunis pour coordonner le "soutien international" à la Libye.

Co-présidée par l’ONU et la Grande-Bretagne, cette conférence a donné l’opportunité aux représentants du gouvernement libyen de communiquer leurs priorités en matière de redressement économique.

"Nous sommes conscients du fait que le soutien populaire libyen au gouvernement d’union (…) peut ne pas durer si nous ne réussissons pas, et vite, à répondre aux besoins urgents", a averti le vice-Premier ministre Moussa al Kony.

Parmi les défis à relever, il a cité, outre la sécurité, les "services de base" comme la santé et l’électricité.

De son côté, le haut diplomate britannique Christian Turner a jugé "vital" que le "nouveau gouvernement libyen fasse des progrès rapides dans sa capacité à améliorer de manière sensible" la vie de la population. Il a annoncé que le Royaume-Uni allait débloquer un million de dollars en aide d’urgence.

Conséquence du chaos qui règne depuis la chute de Mouammar Kadhafi depuis 2011, l’économie libyenne est exsangue, victime d’un effondrement de sa production pétrolière et d’une grave crise des liquidités.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 2,4 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire en Libye, sur un total de six millions d’habitants. Le mois dernier, elle a évalué à 50 millions de dollars le besoin immédiat de financement pour le seul secteur de la santé.

Lors de sa visite, M. Gentiloni a remis des aides humanitaires médicales destinées aux hôpitaux libyens, dont trois kits sanitaires pour quelque 30.000 patients, d’une valeur de 100.000 euros.

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