L’Iran trouble la guerre contre Daesh

Dans cette guerre aussi floue qu’incertaine contre Daesh….une grande interrogation s’impose: et si un des ses grands bénéficiaires n’est autre que l’Iran de Hassan Rouhani, le challenger historique de l’Arabie saoudite dans la région. Le régime de Téhéran avait montré depuis le début un grand enthousiasme à lancer cette opération militaire contre les militants de l’Etat Islamique. Si grand et si entreprenant que cela avait failli faire capoter tous les efforts de la communauté internationale pour s’engager militairement contre Daesh.

Par Mustapha Tossa

L’idée cruciale de cette guerre qui faisait jaser toute la région est que par un jeu d’alliances et de rapports de force, la coalition risquait d’être perçue comme le ministère de La Défense de la communauté chiite dans la région. L’Etat Islamique s’était, à tort accaparé toutes les frustrations dont était victime la communauté sunnite sous l’ère de l’ancien premier ministre chiite Nouri El Maliki.

Cette grande suspicion était à l’origine de la froide hésitation des pays du golfe à rejoindre et à consolider la détermination internationale à éradiquer Daesh. Et même quand il leur est arrivé de participer à quelques action militaires contre Daesh, cela se fait dans un épais clair obscur qui en dit long sur leurs capacités à assumer ouvertement cette guerre et les nouvelles alliances qu’elle impliquent. Officiellement, même s’ils ont déclaré leurs intentions de lutter contre Daesh, aucun pays arabe n’est officiellement en guerre. N’étaient-ce les révélations de Barak Obama Pour des raisons de politique domestique américaine., leur participation militaire seraient restée secrète encore longtemps.

Même la notion de déployer des troupes au sol est compromise à cause de cette présence iranienne dans le radar de la coalition.De pays a occidentaux comme la France et les États Unis refusent cette hypothèse de craint d’être y perdre des hommes dans le bourbier de Daesh. Les pays arabes Sunnites du golfe ne l’envisagent même pas de peur de se retrouver dans la meme tranchée de guerre que les iraniens.

Si on rajoute à cette situation le fait que les iraniens exigent comme prix politique de leur collaboration entière avec les américains la nécessité d’épargner leur précieux allié regional Bachar El Assad de conforter par la même occasion son satellite Libanais le Hezbollah , le jeu politique prend une complexité stratégique qui rend longue et ardue la guerre contre Daesh.

Il est vrai que l’Iran envisage la nouvelle équation régionale comme un gigantesque jeu d’échecs. Sa diplomatie a activement encouragé la naissance d’un nouveau gouvernement plus consensuel et moins sectaire que celui que dirigeait Nouri El Maliki. Cette caution politique a été utilisée par les pays occidentaux pour valider et légitimer la guerre contre Daesh. L’intervention internationale est présentée comme une assistance légitime à un pays dont les structures et l’unité sont sous l’effet d’une terrible menace terroriste.

L’Iran a donc joué un rôle important dans la création des conditions politiques pour faciliter la mobilisation et l’intervention internationales contre Daesh. A certaines périodes de la séquence irakienne, l’Iran avait donné cette vague et embarrassante impression d’être le véritable maître d’œuvre des nouvelles alliances politiques en train de se construire. C’est ce qui explique sans aucun doute que certains pays arabes, aidés parfois par une opportune convergence israélienne, n’ont cessé de dénoncer la duplicité des iraniens et leurs capacités à profiter de la nouvelle donne sécuritaire de la région pour rebattre les cartes et devenir incontournable.

Malgré la complexité de la situation politique, il se trouve toujours des hommes politiques en Europe pour en présenter une vision idyllique. Ce fut le tour cette fois du ministre allemand des affaires Etrangères Frank-Walter Steinmeier qui a dévoilé le but de la grande manœuvre occidentale : " Nous essayons de convaincre les pays arabes, la Turquie et l’Iran, qu’il
est nécessaire de combattre ensemble contre le groupe EI". Et pour parvenir à cette objectif une seule recette, affirme le responsable allemand dans une rafraîchissante naïveté :" il faut surmonter de vieilles rivalités".

Cette vision détaillée par le responsable allemand avec autant de clarté est inédite dans la bouche des responsables français ou américains. Même s’ils sont convaincus de sa pertinence, ils n’ont en vérité jamais osé la formuler avec autant de simplicité. Sans doute, sont-ils conscients de la difficulté à établir une convergence d’intérêts entre quatre grandes puissances aux agendas croisés: Ankara, Téhéran, Jeddah et Tel-Aviv..

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