L’Iran participera pour la première fois à des pourparlers sur la Syrie

L’Iran, principal allié du régime syrien au Proche-Orient, va participer pour la première fois vendredi à Vienne à des pourparlers internationaux sur le conflit syrien, un tournant diplomatique majeur voulu par Moscou.

"Nous avons examiné l’invitation et il a été décidé que le ministre des Affaires étrangères participerait aux pourparlers", a déclaré la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham.

Ces "pourparlers élargis" seront précédés jeudi soir par une réunion quadripartite entre les chefs de la diplomatie de la Russie, des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite et de la Turquie, selon une source diplomatique russe.

Une première rencontre du même format s’était déroulée vendredi dernier dans un palace viennois pour évoquer les perspectives de règlement de la guerre civile syrienne qui a fait plus de 250.000 morts depuis 2011.

Il s’agira donc d’une première pour Téhéran. En 2012, l’Iran n’avait pas participé à la conférence de Genève-1 sur la Syrie, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon en raison de l’opposition des États-Unis et de l’Arabie Saoudite, a rappelé la porte-parole de la diplomatie iranienne.

L’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite — les deux grandes puissances rivales de la région — s’opposent ouvertement sur la Syrie. Téhéran apporte un soutien financier et militaire direct au régime de Damas alors que l’Arabie saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique (EI).

La Russie insiste depuis le début du conflit en Syrie sur la participation de l’Iran à un règlement politique. Mais les Etats-Unis s’y opposaient fermement, avant d’amorcer mardi à la surprise générale une inflexion de leur position.

Outre les chefs de la diplomatie américaine, russe, saoudienne et turque, se joindront leurs homologues libanais et égyptien. Le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, ses homologues britannique Philip Hammond et allemand Frank-Walter Steinmeier, ainsi que la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini y seront aussi.

– Calendrier pour le départ de Bachar –

Pour l’Arabie Saoudite, ces pourparlers seront l’occasion de tester "le sérieux" de l’Iran et de la Russie pour un règlement négocié du conflit.

"Je ne crois pas que nous devons attendre d’avancées majeures des discussions à Vienne", a déclaré le secrétaire d’Etat adjoint américain, Tony Blinken, de passage à Paris. "C’est une étape pour voir si nous pouvons arriver à un accord sur la forme d’une transition politique".

Le défi posé par la Syrie "n’est rien moins qu’une course pour sortir de l’Enfer", a lancé le chef de la diplomatie américaine John Kerry. Il ne sera "pas facile de trouver un moyen d’avancer", mais ces pourparlers représentent "l’occasion la plus prometteuse pour (trouver) une ouverture politique", a-t-il jugé.

Berlin a jugé très improbable une "percée", "les différences dans les positions (étant) trop grandes".

"Favorable" à la présence de l’Iran à Vienne, la France a affirmé avoir consulté mardi soir ses alliés occidentaux et arabes sur les "modalités d’une transition politique garantissant le départ de Bachar al-Assad dans un calendrier précis".

Le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou, soutien clé de Damas.

Le directeur de la CIA John Brennan s’est néanmoins dit convaincu que les Russes chercheraient à terme à obtenir son départ. "En dépit de ce qu’ils disent, (…) les Russes ne voient pas Assad dans l’avenir de la Syrie", a-t-il estimé. "La question est à quel moment et comment ils vont être capables de l’amener à sortir de scène".

Mais mercredi soir, un porte-parole du Kremlin a affirmé qu’un règlement politique ne pourrait être discuté en détail qu’une fois que les "terroristes auront reçu des coups décisifs. Il serait absolument illogique d’agir autrement".

La France a par ailleurs de nouveau mis en avant sa volonté de présenter au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution visant à faire cesser les largages de barils d’explosifs par l’aviation syrienne, qui ont fait des milliers de victimes civiles en zone rebelle.

Mais la Russie a exprimé son opposition à ce projet, assurant qu’il pourrait "faire courir des risques aux efforts (diplomatiques) entrepris actuellement".

Le président syrien a accusé une nouvelle fois les pays occidentaux, dont la France, de "soutenir le terrorisme en donnant une couverture politique aux groupes terroristes en Syrie et dans la région", lors d’une rencontre avec trois députés français de droite mercredi à Damas.

Sur le terrain, l’armée russe a annoncé avoir bombardé 118 cibles "terroristes" ces dernières 24 heures, soit une intensité de frappes jamais atteinte depuis le début de son intervention militaire le 30 septembre.

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