L’Europe divisée sur la situation des immigrés et des demandeurs d’asile

La situation dramatique des immigrés et des demandeurs d’asile fuyant les guerres et les misères divise plus que jamais l’Europe, surtout après l’annonce la semaine dernière par la commission européenne d’un plan sur l’instauration de quotas obligatoires pour répartir « équitablement » les réfugiés entre les 28 Etats de l’UE.

Une proposition qui suscite déjà avant même son adoption ou pas par le conseil européen, une levée de boucliers qui se généralise avec un camp des opposants qui comprend actuellement le Royaume-Uni, la France, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.

Des Etats farouchement opposés à la mesure de répartition des demandeurs d’asile en fonction de la population du pays d’accueil, son PIB et son taux de chômage et qui seront certainement rejoints par d’autres sauf l’Autriche qui adhère totalement à la proposition. Une position exprimée par le chancelier fédéral, Werner Faymann devant le parlement autrichien bien avant la présentation du plan de la commission européenne, lequel avait souligné que l’application des quotas est une solution équitable pour l’ensemble des pays européens. En clair, tous les pays membres de l’Union doivent participer à l’effort.

Il a, par la même, appelé à la révision du texte de Dublin qui stipule, entre autres, que le premier pays dont le sol a été foulé par un réfugié est seul à juger de sa demande d’asile. Ce qui pose problème en raison des charges et du dispositif déployé en faveur du demandeur d’asile lors de l’instruction de son dossier, notamment sur le plan de son hébergement dans les centres d’accueil, déjà sursaturés en Autriche.

En effet, l’Autriche accueille plus de 28.000 prétendants à l’asile, selon les derniers chiffres de l’Eurostat, l’office européen des statistiques. Un nombre de réfugiés impressionnant qui place la petite république alpine en troisième position des pays européens d’accueil au regard de sa population (8,5 millions), tout juste après la Hongrie et la Suède.

Et le flux des immigrés ne s’arrête pas là, surtout avec cette guerre sans nom qui s’éternise en Syrie. Pas moins de 300 migrants en recherche d’un asile douillet débarquent chaque jour en Autriche, selon les chiffres dévoilés récemment par la ministre de l’intérieur, Johanne Mikl-Leitner (Parti des conservateurs). Un chiffre édifiant: entre le 11 et 13 mai courant, pas moins de 900 réfugiés sont entrés en Autriche, en provenance principalement de la Syrie, l’enfer sur terre depuis plus de quatre ans.

Pour juguler ce flot de misère humaine qui dépasse les capacités d’accueil des principaux centres pour refugiés, les autorités autrichiennes ont eu l’idée de dresser des tentes pour y loger les demandeurs d’asile, notamment à Linz et Salzbourg tout en évacuant le surplus vers la capitale, Vienne. Mal leur en a pris. Puisque cette solution de gîte à la belle étoile a suscité la désapprobation pour ne pas dire l’indignation, des organisations humanitaires, de droits de l’homme et même dans le camp de la coalition gouvernementale. Et ce, par un appel à la démission du ministre de l’intérieur lancé par un représentant des sociaux-démocrates, le parti en coalition gouvernementale avec les conservateurs.

Peter Binder, un des dirigeants sociaux-démocrates, a déclaré, dans un communiqué diffusé par l’agence autrichienne de presse APA, que "l’actuelle ministre de l’intérieur n’est pas à la hauteur des défis posés par cette déferlante des immigrés".

Bien plus, le parti de la liberté (extrême droite) va plus loin en soulignant, par la voix de son représentant en Haute-Autriche, Manfred Haimbuchner, que cette situation illustre non seulement l’échec de la politique autrichienne en la matière mais un échec total de l’union européenne dans sa gestion de la problématique des migrants et des demandeurs d’asile.

Certes, les tentes ont été érigées de manière à respecter les normes exigées par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) mais le problème reste entier. Trop de réfugiés et peu de place mais surtout une politique migratoire européenne à plusieurs vitesses et une solidarité effritée. A cela s’ajoutent, la montée en force du mouvement néo-nationaliste et populiste et la crise économique en Europe. Autant de facteurs qui font que la cause des migrants traversant à leur risque et péril les mers est aujourd’hui une cause perdue d’avance et que l’immigration n’est plus cette chance qui a permis autrefois à l’Europe de se reconstruire.

En attendant que les chefs d’Etats européens décident le 30 juin prochain du sort de cette proposition de quotas obligatoires, les autorités autrichiennes font ce qu’ils peuvent pour prendre en charge les demandeurs d’asile, prévoyant, outre cette parade des tentes, d’ouvrir les casernes aux réfugiés. L’Autriche défend même le projet de mettre sur pied sous la responsabilité des Nations-Unis des camps d’accueil en Afrique du Nord destinés à accueillir les réfugiés et instruire leurs demandes d’asile en Europe pour leur épargner les risques de sombrer parmi les milliers de victimes qui gisent dans le plus grand cimetière marin dans le monde, la Méditerranée.

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