L’Arabie Saoudite, soutien de poids aux frappes

vec des déclarations très dures, qui contrastent avec sa légendaire prudence diplomatique, l’Arabie Saoudite s’est engagée dimanche soir sans ambiguïté en faveur d’un soutien à des frappes contre le régime syrien. «Toute opposition à une action internationale ne peut être qu’un encouragement pour le régime de Damas à poursuivre ses crimes», a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, devant ses homologues de la Ligue arabe, lors d’une réunion tenue en urgence au Caire. Il est «temps de demander à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de prendre des mesures de dissuasion [contre le régime syrien]», a-t-il ajouté. Selon lui, le peuple syrien, «sentant l’incapacité des Etats arabes à répondre à ses appels à l’aide répétés, a été contraint de lancer un appel à l’aide à la communauté internationale».

Parrain. Le soutien de Riyad à l’opposition à Damas n’a cessé de s’amplifier depuis le début de la crise syrienne, au point que le royaume est devenu le principal parrain des rebelles. En juillet, le régime saoudien, qui veut ouvertement la chute du régime de Bachar al-Assad, a même imposé à la tête de la Coalition nationale syrienne, Ahmed al-Jabri, un chef tribal proche des services secrets saoudiens et qui a ses entrées auprès du roi Abdallah. Sans doute peut-on expliquer la position très déterminée du royaume wahhabite par le caractère désormais régional du conflit syrien, où l’Iran et le Hezbollah sont de plus en plus engagés au côté d’Al-Assad. Aux pays arabes qui s’opposent à toute intervention étrangère – l’Algérie, l’Irak, le Liban, la Tunisie, voire l’Egypte -, Saoud al-Fayçal a répliqué qu’il était trop tard pour parler d’ingérence. «Car, a-t-il plaidé, c’est le régime de Damas qui a ouvert les portes en faisant entrer les gardiens de la révolution iranienne et les forces du Hezbollah, jusqu’à ce que la Syrie devienne ce qu’on peut appeler une terre occupée.»

C’est donc un soutien précieux que le président Barack Obama reçoit. Non seulement parce que l’Arabie Saoudite, pays des deux villes les plus saintes de l’islam, incarne la légitimité sunnite, mais aussi parce que le royaume dispose de relais aux Etats-Unis et que ses lobbyistes s’efforceront de faire pencher certains députés du Congrès en faveur d’une intervention armée. Riyad devrait aussi autoriser les forces américaines et françaises à utiliser sa base aérienne de Tabouk – la plus importante du pays -, près de la frontière jordanienne, ce qu’il avait déjà permis lors de la première guerre du Golfe, en 1990-1991.

Riyad a aussi pesé de tout son poids sur la Ligue arabe dont la déclaration ministérielle est relativement ferme. L’organisation panarabe, elle aussi habituellement frileuse sur les conflits qui agitent la région, a cette fois blâmé ouvertement le régime syrien. Celui-ci, a-t-elle précisé, «porte la responsabilité» de ce «crime odieux». Et elle a «appelé l’ONU et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités conformément à la Charte des Nations unies et au droit international afin de prendre les mesures de dissuasion nécessaires».

Empêché. Les divisions entre les différents pays membres de la Ligue arabe ont empêché cependant les ministres d’évoquer ouvertement la question des frappes militaires. Celles-ci ont été en revanche ouvertement souhaitées par le chef de la Coalition nationale, Ahmed al-Jabri, lors de son intervention, afin d’arrêter «la machine de guerre et de destruction» du régime syrien.

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