Jihad: « une quarantaine » d’interdictions de sortie du territoire français en préparation (ministre)

La France s’apprête à interdire la sortie de son territoire à « une quarantaine » de ses ressortissants suspectés de vouloir rejoindre des groupes jihadistes en Syrie ou en Irak, a déclaré lundi à la presse le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

M. Cazeneuve a confirmé que « six interdictions administratives » de ce type, les premières depuis l’adoption à l’automne d’une nouvelle loi antiterroriste, venaient d’être prononcées à l’encontre de six Français, dont le départ vers la Syrie paraissait imminent. « Une quarantaine (d’autres, ndlr) sont en préparation », a déclaré le ministre en affirmant que « cette opération a vocation à monter en puissance dans les prochaines semaines ».

Interrogé sur le profil des personnes concernées à ce stade, le ministre a indiqué qu’il s’agissait essentiellement de jeunes et de "20% de convertis" à l’islam.

Comme en Angleterre, pays choqué par le départ la semaine dernière pour la Syrie de trois adolescentes de "bonne famille", les témoignages de parents de jeunes ayant basculé dans le jihad violent et issus de milieux sociaux divers se multiplient en France. Les proches font souvent part de leur impuissance face à une radicalisation brutale et irréversible.

Les parents d’un jeune de 19 ans, Pierre Choulet, ont ainsi raconté la semaine dernière ne pas comprendre comment leur fils, décrit comme gentil et réservé, amateur de de football dans leur petit village de l’est de la France, est devenu "un monstre", se faisant exploser dans un attentat kamikaze pour le compte du groupe Etat islamique (EI) en Irak.

Ces dernières semaines, les autorités françaises ont mené plusieurs coups de filet antijihadistes: six personnes soupçonnées d’appartenir à une filière jihadiste ont été interpellées début février dans la région de Toulouse (sud-ouest) quelques jours après l’arrestation pour des motifs similaires de huit personnes dans les régions parisienne et lyonnaise.

Selon le Premier ministre Manuel Valls, près de 1.400 Français ou résidents en France ont été identifiés "comme étant en relation" avec les filières jihadistes en Irak et Syrie. Dans la foulée des attentats de Paris, il avait indiqué que les services antiterroristes devaient surveiller pas moins de 3.000 personnes soupçonnées de graviter dans la sphère jihadiste.

Selon les experts, les frappes occidentales contre le groupe Etat islamique sont une motivation supplémentaire pour les apprentis-jihadistes qui accourent du monde entier, en nombre croissant, grossir ses rangs.

"La tendance est claire et inquiétante. Le nombre de combattants étrangers se rendant en Syrie est sans précédent", soulignait récemment à Washington Nicholas Rasmussen, directeur du Centre de lutte contre le terrorisme, évoquant des volontaires originaires de plus de 90 pays.

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