Grande manifestation à Tunis pour le 1er-Mai

Grande manifestation à Tunis pour le 1er-Mai
Une marée humaine a déferlé mardi sur l’avenue Bourguiba, la principale artère de Tunis, à l’occasion de la célébration de la fête du travail placée sous le sceau de "l’unité nationale", a-t-on constaté sur place.

La foule de plusieurs milliers de personnes paraissait plus importante que le 14 janvier 2011, lors du mouvement qui avait poussé l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali à fuir en Arabie Saoudite après 23 ans de règne autoritaire.

Malgré les tensions sous-jacentes entre la principale centrale syndicale, l’UGTT, et le gouvernement dominé par les islamistes d’Ennahdha, la manifestation s’est déroulée sans incident, voire dans une atmosphère de liesse. Les craintes de troubles étaient aussi alimentées par l’agitation de la rue face à une flambée sans précédent des prix des principaux produits de consommation.

Dans un communiqué, l’UGTT déplorait que "les réalisations du gouvernement provisoire ne répondent pas aux attentes et aux aspirations des différentes catégories sociales et ne sont pas à la hauteur des énormes sacrifices consentis par les Tunisiens".

Défilant cô te à cô te, syndicalistes, militants des partis au pouvoir et de l’opposition et associations de la société civile dont un grand nombre de femmes et de jeunes, certains venus même en famille, ont démenti ces appréhensions.

"La démocratie signifie liberté et responsabilité", pouvait-on lire sur une grande banderole hissée par des manifestants du Parti républicain dirigé par Maya Jribi, une figure emblématique de l’opposition, venus en grand nombre.

Par un temps ensoleillé, la "fête" a débuté place Mohamed Ali, siège de l’UGTT, avec un lâcher de ballon et des feux d’artifice. Des milliers de syndicalistes entonnaient l’hymne national et scandaient des slogans à la gloire de leur centrale "première force du pays" et revendiquant "travail, liberté et dignité".

Au centre-ville, ils été rejoints par des islamistes qui proclamaient leur soutien au gouvernement, d’autres organisations syndicales (la CGT et l’UTT) et de nombreux groupes partisans et associatifs.

Un dispositif sécuritaire mixte vigilant, mais discret, était aux aguets. Des manifestants ont même lancé des roses en direction des agents de l’ordre qui cernaient le bâtiment du ministère de l’Intérieur, jadis symbole de répression.

"Quelle est belle notre Tunisie quand nous sommes tous rassemblés sur l’avenue Bourguiba malgré nos différences, chacun avec ses slogans, dans une coexistence réconfortante", s’est réjouie la militante des droits de l’Homme Radhia Nasraoui. "C’est la preuve que quand il n’y a pas de répression, tout se passe normalement, pacifiquement", a-t-elle confié à l’AP. Elle évoquait le recours excessif à la force pour réprimer de récentes manifestations contre le chô mage et à l’occasion de la fête des martyrs.

Souriant, le bâtonnier Chawki Tabib, a vu dans la manifestation "l’illustration d’un esprit de concorde et réconciliation".

Selon lui, "c’est la preuve qu’on mérite la liberté et qu’il ne peut plus y avoir de retour en arrière", en allusion aux années de braises qui prévalaient avant "la révolution du jasmin".

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