G8-Printemps arabe : Nicolas Sarkozy mène la course en tête

A l’heure des bilans politiques, Nicolas Sarkozy a toutes les raisons de pousser un grand râle de soulagement. Le sommet du G8 de Deauville a été pour lui un formidable tremplin de communication. Non seulement le G8 a fait le plein, aucun grand de ce monde n’a manqué à l’appel, mais l’homme s’est livré avec un plaisir manifeste au grand exercice de re-présidentialisation dont son image, ternie par une gouvernance en dents de scie, avait souffert.

G8-Printemps arabe : Nicolas Sarkozy mène la course en tête
Pour Nicolas Sarkozy, il restera de ce G8 quatre grandes séquences, mises bout à bout, formeront le spectre du bénéfice engrangé. La première consiste pour le chef de l’Etat à être l’homme sous la présidence duquel la communauté internationale a pris la décision stratégique de financer les aspirations démocratiques dans le monde arabe. Il est vrai qu’il partage malgré lui la vedette sur cette problématique avec son homologue américain Barack Obama. Sur les révolutions arabes, Nicolas Sarkozy avait pris du retard à l’allumage mais aujourd’hui, il mène la course en tête avec détermination non dénuée d’un sens aiguë de l’opportunisme. Sa posture sur les convulsions du monde arabe lui facilite largement son rapport avec les pays africains dont ses détracteurs dénoncent la persistance de la France-Afrique, un travers congénital de la diplomatie française.

Le seconde séquence fut la capacité de Nicolas Sarkozy à incarner une virile fermeté à l’égard des chefs d’Etat réticents aux changement démocratiques. Ainsi, il a profité de la tribune du G8 pour adopter des intonations américaines sous l’ère de G.W.Bush, adressant des menaces ouvertes au guide libyen Mouammar Kadhafi, le sommant de poser les armes et de quitter le pouvoir sous peine d’être éliminé. Il a rajouté un nouveau palier à ces menaces en ciblant sans le nommer, le president syrien Bachar El Assad dont le recours à la violence contre les manifestants est jugé inacceptable. Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, le G8 menace la Syrie d’une action au Conseil de sécurité si la répression des manifestants ne cesse pas.

La troisième séquence est à trouver dans sa stratégie d’imposer Christine Lagarde au poste du directeur général du FMI en remplacement de Dominique Strauss-Kahn englué dans des ennuis judiciaires. Nicolas Sarkozy n’a pas caché son activisme pour convaincre les pontes influents du G8 de choisir Madame Lagarde. Cette nomination a pris les allures d’un véritable enjeu politique. La candidature de Christine Lagarde avait mis l’opposition socialiste dans une posture délicate, contrainte de retenir ses critiques et même parfois de tresser des louanges à la ministre. Et s’il parvenait à l’imposer à la tête du FMI comme la tendance le laisse croire à la lecture des derniers déclarations d’Hilary Clinton sur le sujet, le président de la république se vêtira des auréoles d’un faiseur de rois ou de reine en l’occurrence, crédible et écouté à l’international.

La quatrième séquence fut people et personnel. Son épouse Carla Bruni a profité de la belle lumière de Deauville pour dévoiler au grand jour sa grossesse devant les épouses des chefs d’Etat du G8. Les objectifs des cameras captaient les rondeurs de son ventre comme autant d’image destinées à séduire et à rassurer. Nombreux sont les commentateurs qui n’ont pas résisté à la tentation d’établir des comparaisons entre l’icône socialiste, DSK, dans son rôle présumé d’ "harceleur et violeur" de femmes de chambre et celle d’un président de la république qui s’apprête à gouter aux joies de la paternité, presque pépère pour reprendre un terme familier. Les deux clichés, avec leurs doses de messages politiques, sont impossibles à ne pas imaginer.

De la nouvelle séquence qui s’ouvre devant Nicolas Sarkozy, l’opposition socialiste éprouvera, à n’en pas douter, de grandes difficultés, à trouver des angles d’attaque qui font mouche. Les critiques sur le style de gouvernance ont été passées par pertes et profit depuis que DSK a sombré dans le système judiciaire américain. Et s’il faut rajouter à ce tableau presque idyllique pour Nicolas Sarkozy la guerre fratricide que s’apprêtent à se livrer les deux favoris socialistes Martine Aubry et François Hollande, le locataire de l’Elysée devrait se sentir rassuré sur le potentiel de sa reconduction.

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