François Hollande, un président « normal »

A 57 ans, François Hollande, celui que personne n’attendait, qui n’a jamais exercé de responsabilité ministérielle et était donné battu à la primaire PS jusqu’à la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn il y a un an à New York, accède à l’Elysée. « Qui avait imaginé qu’un jour…? Oui, je l’avais imaginé ! », a clamé dimanche soir le président élu depuis son fief de Tulle.En plus d’un an, celui qui est devenu hier le second président socialiste de la Ve République après François Mitterrand a accompli une mue personnelle et politique

La France se réveille avec un nouveau Président de la République. Trente et un ans après la victoire de François Mitterrand, François Hollande est devenu dimanche le deuxième socialiste à accéder à l’Elysée sous la Vème République en battant Nicolas Sarkozy.

Selon des résultats quasi-définitifs (seules manquent les voix du million de Français de l’étranger), le député de Corrèze, 57 ans, a recueilli 51,67% des suffrages, contre 48,33% pour son rival. Une victoire célébrée jusqu’au milieu de la nuit sur la Place de la Bastille, à Paris. La passation de pouvoirs devrait avoir lieu au plus tôt vendredi. Le plus dur attend désormais le nouveau chef de l’Etat. Sur la planche, du pain, mais très peu de roses, ou alors des épines. Il doit d’abord convaincre nos partenaires de réorienter la politique européenne vers une politique de croissance.

Le 2 mai 2012, en conclusion du débat télévisé de l’entre-deux-tours, le candidat socialiste répète seize fois «Moi, président de la République…» en trois minutes devant un Nicolas Sarkozy sans voix et 17 millions de téléspectateurs. Il le dit et cela paraît comme une évidence. Mais cela n’a pas été toujours le cas. L’Elysée, «je m’y suis préparé». Tel est le mantra que répète François Hollande. «J’ai pris la route, à mon rythme, sans tenir compte des pronostics, des coteries, des commentaires goguenards de ceux qui prévoient tout et qui ne voient rien.»

"Je suis fier d’avoir été capable de redonner espoir», a lancé le candidat socialiste qui offre à la gauche sa première victoire à une présidentielle depuis 1988, trente et un ans après la victoire de François Mitterrand.

«Je serai le président de tous.» «Ce soir, il n’y a pas deux France, il n’y a qu’une seule nation réunie dans le même destin. Chacun sera traité avec les mêmes droits et de devoirs. Trop de fractures, trop de ruptures ont pu séparer nos concitoyens. C’en est fini !». Le nouveau président a promis de faire avancer «la cause de l’égalité» dans les cinq ans à venir et de ne pas être le président de l’austérité, sur fond de crise.
.
Dimanche soir à la Mutualité, devant ses partisans, Nicolas Sarkozy a affirmé porter "toute la responsabilité" de la défaite et souhaité "bonne chance au milieu des épreuves" au socialiste François Hollande, qui "doit être respecté".

La passation de pouvoirs entre les deux hommes devrait avoir lieu aux alentours du 14 mai.

Un président "normal"

Le nouveau chef de l’Etat semble avoir entendu un message envoyé pendant cette campagne par les Français : le besoin de renouvellement démocratique. Car si la crise économique explique en grande partie le score du Front national lors du premier tour de la présidentielle, il a aussi pris racine dans la défiance à l’égard du politique qu’a accentué la pratique du pouvoir de Nicolas Sarkozy. Le bling-bling, le Président de tout, le mépris de son langage, le soupçon des affaires : l’ancien chef de l’Etat avait été élu sur la promesse de redorer la politique. Il a contribué à creuser le fossé entre les Français et leurs représentants.

La promesse d’une présidence normale montre d’ailleurs que François Hollande a bien compris l’importance de ce divorce. Ce besoin de renouveau de la pratique démocratique a été notable pendant toute la campagne : l’excitation de la révolution citoyenne de Jean-Luc Mélenchon, la question du droit de vote des étrangers aux élections locales, l’impartialité des nominations, dans la justice comme dans l’audiovisuel public, la question du cumul des mandats, la représentation des minorités chez les élus, les débats sur l’utilisation du référendum, le nécessaire renouvellement des générations, tous ces sujets sont à l’agenda du quinquennat qui s’ouvre. Ils sont cruciaux si la gauche a comme ambition de lutter contre le danger représenté par le FN.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite