François Hollande, un président encerclé

À treize mois de la présidentielle, François Hollande est un président encerclé, sur les rotules. Le spectacle de son cortège et de sa personne violemment encerclés et hués au son Salon international de l’agriculture de Paris est venu clôturer momentanément une terrible séquence pour lui.

Par Mustapha Tossa

Face à des agriculteurs en colère, François Hollande n’en menait pas large. Devant des doigts menaçants et les corps imposants, le président français n’avait d’autres arguments à faire valoir que son courage d’être venu malgré la tempête pressentie, écouter et encaisser. Il était loin le temps où un François Hollande, triomphant, répondait à la question spontanée d’un gamin sur Nicolas Sarkozy assurant qu’il n’allait pas le revoir.

Aujourd’hui, François Hollande est totalement démagnétisé. Le violent coup de canif que vient de lui porter Martine Aubry, intronisée pour l’occasion icône des frondeurs, vient d’assombrir sérieusement sa stratégie de reconquête. Longtemps hésitante, voire taciturne, la maire de Lille vient de frapper un grand coup. Elle soulève une tempête à gauche à un moment crucial où le gouvernement a besoin de tous ses soutiens pour faire passer des réformes aussi polémiques que foncièrement contestées.

Déjà fragilisé par une gouvernance qui plombe sa popularité faisant de son mandat un naufrage inédit à gauche, François hollande a déclenché une vraie série noire depuis le dernier remaniement ministériel. il a fait grincer les dents et bouger les fondations de da propre maison. Le retour de Jean Marc Ayrault aux Affaires étrangères se vit comme un désaveu pour Manuel Valls. La dégradation qualitative d’Emmanuel Macron au profit de Meriem El Khomri est ressentie comme une sanction d’un jeune ministre prometteur dont la hantise actuelle est de se débarrasser de la tutelle trop pesante du Premier Ministre. Ministre. Même l’éviction de Fleur Pellerin au profit d’Audrey Azoulay qui aurait dû passer naturellement après les bourdes à répétition de l’ex- titulaire de la culture se vit au sein du gouvernement comme un traumatisme.

Autant d’éléments qui font apparaître François Hollande comme un capitaine encerclé à la tête d’un bateau qui tangue à cause de ses multiples cohabitations. C’est dans ce contexte aussi que des voix, et non des moindres, s’élèvent pour exiger des primaires à gauche.

En animal politique rompu aux retournements de situations, François Hollande se garde bien de se prononcer et de trancher sa position sur les primaires. Son hésitation savamment entretenue a ce double effet : exciter les appétits de ses compétiteurs à gauche et les pousser à se dévoiler et lui aménager un porte de sortie au cas où, faute de désir des français pour lui, il jetterait l’éponge.

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