François Hollande conforté dans sa ligne réformiste par les militants de son parti

Le président socialiste français François Hollande sort conforté d’un vote de son parti légitimant sa ligne économique réformiste, qui pourrait donner de l’air à l’exécutif d’ici à la présidentielle de 2017 pour laquelle toute la classe politique fourbit ses armes.

A l’approche d’un congrès du Parti socialiste (PS) début juin, les militants ont mis un frein à trois ans de vifs affrontements internes, en appuyant aux deux tiers la motion favorable à la politique du gouvernement lors d’un vote jeudi soir.

Le chef de l’Etat, rendu très impopulaire depuis son élection en 2012 par son incapacité à juguler un chômage record de 10%, s’est félicité vendredi de ce gage de soutien.

"Tout ce qui peut apporter de la stabilité, de la cohérence et de la visibilité est bon pour l’action que je mène aujourd’hui pour la France", a réagi M. Hollande en marge d’un sommet européen à Riga.

Les encartés du PS devaient choisir entre quatre textes d’orientation politique avant leur congrès à Poitiers (ouest) du 5 au 7 juin.

Selon la direction du parti, la motion portée par le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, avec l’appui du Premier ministre Manuel Valls et la quasi totalité de son gouvernement, a recueilli "au-dessus de 60%" des suffrages.

Le principal texte alternatif, présenté par l’aile gauche du parti, n’a obtenu qu’entre "28 et 30%". L’un de ses chefs de file, le député Laurent Baumel, a évoqué "un vote légitimiste, loyaliste", influencé par "une peur de la division (…) quand on est au pouvoir".

Les "frondeurs" de la gauche du PS contestent la politique de rigueur budgétaire et de redressement de la compétitivité des entreprises engagée par M. Hollande, accentuée depuis la nomination de M. Valls à la tête du gouvernement l’an dernier.

Pour le politologue Philippe Braud, "l’exécutif sort naturellement renforcé de ce vote", qui "montre qu’il y a un changement de culture" selon lui au sein du PS, longtemps rétif à assumer son aggiornamento social-démocrate.

"Cela ne va pas forcément diminuer les couacs mais cela va en assourdir considérablement l’effet", estime-t-il.

– ‘Débat tranché’ –

"Il y a un débat qui a été tranché: il n’y a pas de souhait de modifier profondément l’approche qui a été entreprise", abonde Jean-Daniel Lévy, de l’institut de sondages Harris Interactive, en soulignant une identité de vue inédite entre militants et sympathisants.

"Parmi les sympathisants de gauche, il n’y a pas de débat sur la politique de réformes, il y a une attente d’une politique de réduction de la dette et des déficits qui s’articule autour de plus de justice sociale", affirme-t-il.

"L’important pour le gouvernement, c’est d’accélérer les réformes parce que ces réformes coûteuses et pénibles pourraient avoir des effets bénéfiques pour la prochaine présidentielle", estime désormais Philippe Braud.

L’exécutif table sur un contexte économique international plus favorable et les premiers fruits de sa politique pour dégager une croissance apte à diminuer d’ici 2017 le chômage, préoccupation première des Français.

Après un premier trimestre 2015 meilleur que prévu (+0,6%), le ministre des Finances Michel Sapin a jugé mercredi "parfaitement possible" d’atteindre dès la fin d’année une croissance de 1,5%.

A deux ans de l’échéance, la présidentielle de 2017 agite déjà tout le paysage politique français.

Dans l’opposition de droite, l’ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012), s’apprête à faire muer fin mai son parti UMP en un nouveau mouvement, "Les Républicains", avec l’ambition de se placer sur orbite pour reconquérir l’Elysée.

Le principal enjeu sera pour lui d’emporter en 2016 la primaire dans son camp face à son principal rival, l’ancien Premier ministre gaulliste Alain Juppé, et de se délester du boulet des affaires judiciaires qui continuent de peser sur son avenir.

A l’extrême droite, le Front national, après une série de succès électoraux depuis un an, doit surmonter la tonitruante crise politico-familiale qui a vu sa présidente Marine Le Pen, en tête des intentions de vote au premier tour de 2017, bannir son père Jean-Marie, fondateur du mouvement dont les dérapages sur la Shoah ou l’immigration menaçaient la stratégie de banalisation.

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