France: procès des cheminots marocains contre la SNCF

La justice française rendra sa décision le 21 septembre dans le procès contre la Société nationale des chemins de fers (SNCF) de 832 cheminots de nationalité ou d’origine marocaine, qui affirment avoir été bloqués dans leurs carrières et pénalisés à la retraite.

Lors de cette première audience le Conseil des Prud’hommes, tribunal spécialisé dans le droit du travail, a examiné 200 des 800 dossiers lundi à Paris en présence de 150 cheminots et de quelques veuves et annoncé sa décision pour septembre. Le conseil doit examiner les autres dossiers tout au long de la semaine.

Embauchés au début des années 70 comme contractuels, donc avec un contrat de droit privé, ces agents à la retraite, ou proches de la retraite, ne relèvent pour la plupart pas du statut particulier des cheminots, plus avantageux mais réservé aux ressortissants européens.

La SNCF récuse toute discrimination à l’égard de ces "chibanis", qui affirment avoir été cantonnés aux plus bas niveaux de qualification et pénalisés à l’heure de la retraite.

Serrés dans la plus grande salle du tribunal, plusieurs plaignants ont confié leur sentiment de s’être fait "arnaquer".

"Il faut que justice soit faite. Ils disaient +travail égal, salaire égal+ mais cela n’a pas été le cas. A la retraite, on a eu des miettes, on s’est rendu compte qu’on avait été arnaqués", explique à l’AFP un homme de 68 ans qui préfère ne pas être nommé.

"On a dit que nous étions les +indigènes du rail+, comme il y a eu les combattants marocains, c’est vrai. On a contribué à l’essor de la France", estime Ksioua Ghaouti, 66 ans, qui a fait sa carrière à la gare de triage de Strasbourg. "Il fallait voir le travail, la nuit, à composer les trains. Je connais trois collègues qui ont eu le bras coupé", se souvient-il.

Pour ce cheminot naturalisé français, l’un des 113 plaignants qui parviendront – tardivement – à accéder au statut, et qui est devenu chef d’équipe, les chibanis "ne demandent pas l’aumône, mais la justice et l’égalité".

En "réparation", les plaignants réclament en moyenne 400.000 euros de dommages et intérêts, dont la moitié au titre du préjudice de retraite, le reste pour les carrières. Si les Prud’hommes leur donnaient raison, la facture serait lourde pour la compagnie ferroviaire.

Le jugement devrait être mis en délibéré.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite