France : la gauche bat de justesse l’extrême droite dans la première élection post-attentats

Le Parti socialiste (PS) au pouvoir en France a remporté dimanche une victoire étriquée face à l’extrême droite dans un duel électoral test, un mois après les attentats de Paris et à l’approche d’importantes élections départementales en mars.

Le candidat du PS, Frédéric Barbier, a gagné le deuxième tour d’une législative partielle dans la région industrielle du Doubs (est) avec 51,43% des voix, contre 48,57% pour son adversaire du Front national (FN), Sophie Montel, selon les résultats définitifs.

C’est le premier succès du PS dans un tel scrutin en trois ans, après une série noire de défaites à toutes les élections partielles organisées en métropole depuis l’arrivée au pouvoir du président socialiste François Hollande en 2012.

Il intervient sur fond de regain de popularité de l’exécutif depuis les attentats sanglants qui ont fait 17 morts à Paris début janvier, même si la cote de M. Hollande, plombé par ses mauvais résultats économiques, reste très négative.

"Si cette victoire est une éclaircie, elle ne constitue en rien une embellie", a réagi le numéro un du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour qui le score du FN montre que "le danger demeure" d’une arrivée de l’extrême droite aux portes du pouvoir.

"Je ne me réjouis pas, je ne pavoise pas : ce succès, je le dois aux forces républicaines", a déclaré Frédéric Barbier, qui a bénéficié d’un report déterminant de voix d’électeurs de l’UMP, l’opposition de droite dont le candidat avait été éliminé au premier tour. "Cette élection peut être un tournant du quinquennat", a-t-il estimé, appelant à "garder l’esprit d’union nationale autour des valeurs de la République", né du choc des attentats.

Le sénateur socialiste du Doubs Martial Bourquin a souligné le "combat extrêmement serré" du scrutin, organisé pour désigner le successeur à l’Assemblée nationale de l’ancien ministre Pierre Moscovici, devenu commissaire européen.

– ‘D’un cheveu’ –

"Le PS a gagné d’un cheveu, mais c’est le FN qui est le grand vainqueur de l’élection", a affirmé à l’AFP la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, malgré l’échec de sa candidate. "Le FN augmente son score de 25 points par rapport à 2012 (…) La bipolarisation de la vie politique est en marche, avec le FN contre l’+UMPS+", a-t-elle fait valoir. "Demain, ça fera des victoires", a-t-elle clamé.

Le Front national cherchait à conquérir dans le Doubs son troisième siège de député pour conforter sa montée en puissance à l’approche des départementales de mars. Après sa spectaculaire percée aux municipales et aux européennes de 2014, un sondage réalisé fin janvier lui prédit une nouvelle pole position, à 26%, aux départementales. Marine Le Pen caracole elle-même en tête depuis des mois des intentions de vote pour le premier tour de la prochaine présidentielle de 2017.

Erigé en test national par toute la classe politique, le scrutin du Doubs a mobilisé près d’un électeur sur deux dimanche (49%), beaucoup plus qu’au premier tour marqué par une abstention massive (60,5%).

L’issue reposait en grande partie sur l’arbitrage des électeurs de l’UMP, déchirée sur sa stratégie face à l’extrême droite. L’ancien président Nicolas Sarkozy, qui peine à s’imposer depuis son retour à la tête du parti de droite, avait échoué à unifier ses troupes autour d’un appel à "dire non au FN" et voter blanc ou socialiste.

Le bureau politique de l’UMP avait maintenu sa stratégie abstentionniste du "ni, ni", ni gauche, ni extrême droite, en vigueur depuis 2011. Mais la vice-présidente du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet, et l’ancien Premier ministre Alain Juppé, grand rival à droite de M. Sarkozy pour 2017, avaient au contraire appelé à voter socialiste.

Fait rare pour un chef de l’Etat en France, le président Hollande s’était immiscé dans la campagne en critiquant le refus par l’UMP d’un front républicain. Il avait rappelé qu’ancien patron du PS en 2002, il avait soutenu le président gaulliste Jacques Chirac, confronté au deuxième tour de la présidentielle à Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front national et père de Marine de Le Pen.

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