France: la « TVA sociale » permettra-t-elle de créer des emplois ?

Le gouvernement espère que la « TVA sociale » permettra de créer « 100.000 nouveaux emplois », a déclaré mardi la ministre du Budget Valérie Pécresse. « Nous voulons baisser le coût du travail pour produire en France, pour créer de l’emploi en France, pour exporter des produits », a-t-elle lancé à l’Assemblée nationale en réponse à des députés socialistes qui critiquaient cette réforme. La réforme a été adoptée mercredi en Conseil des ministres. Quand on dit hausse de la TVA, on pense aussi augmentation des prix. Quels seraient les effets d’un passage à 19,6% à 21,2% ?

France: la
La TVA, la recette la plus importante de l’Etat

Créée en 1954, la Taxe sur la Valeur Ajoutée est un impôt indirect sur tous les biens de consommation et les services. Lorsque le consommateur achète un produit, il paye une taxe à l’Etat qui est inclus dans le prix d’achat. Aujourd’hui, il existe 3 taux de TVA : 19,6% pour l’ensemble des biens de consommation, un taux réduit de 5,5% pour la nourriture, les plats à emporter et l’hôtellerie, et un taux très réduit de 2,1% pour les médicaments.
La TVA est un impôt payé par tous les consommateurs et constitue, à ce titre, la ressource la plus importante du budget de l’Etat. Plus de 45% des recettes de l’Etat proviennent du produit de la TVA alors que l’Impôt sur le Revenu ne représente que 20% sur l’ensemble des recettes, et l’impôt sur les sociétés 15%.

Qu’est-ce qu’une TVA sociale ?

Le terme de "TVA sociale" prête à confusion car il ne s’agit en aucun cas d’une mesure sociale, c’est-à-dire d’une mesure destinée à améliorer le sort des salariés ou des classes populaires. La TVA dite sociale consiste à augmenter le taux de TVA pour que cet impôt puisse financer les dépenses sociales.
Le principe de la TVA sociale est d’augmenter le taux de TVA pour financer la protection sociale et de diminuer les charges sociales payées par les entreprises. Il s’agit donc d’un transfert de fond : la baisse des charges pour les entreprises serait compensée par la hausse de la taxe sur les biens de consommation payés par tous. Toute la protection sociale serait alors financée par les consommateurs, donc potentiellement tout le monde, au lieu que ce soit les entreprises actuellement. Pour réaliser ce transfert de fond, il faudrait augmenter la TVA de 5 points, un point de TVA rapportant en moyenne 7 milliards d’euros supplémentaires. Ainsi, le taux de TVA passerait de 19,6% à 24,6%.

Avantages de la TVA sociale : des entreprises plus compétitives

Les partisans de la TVA sociale ont plusieurs arguments :
1. En diminuant les charges sociales des entreprises, celles-ci seront plus compétitives, elles pourront davantage embaucher et auront moins envie de délocaliser à l’étranger puisque les taxes sur les entreprises seront faibles en France.
2. Les cotisations patronales sont actuellement payées uniquement par les entreprises présentes en France. Or, avec une TVA sociale, tous les produits seront taxés, notamment ceux qui viennent de l’étranger. De cette manière, la protection sociale est financée par tout le monde, même des entreprises étrangères. Par exemple, un produit fabriqué en Chine sera taxé à hauteur de 5% pour financer l’assurance maladie des salariés français.

Inconvénients de la TVA sociale : un impôt injuste

L’instauration de la TVA sociale pose de sérieux problèmes.
1. Tout d’abord, la TVA est l’impôt le plus injuste de tous les impôts puisqu’il est payé par tout le monde au même taux, quel que soit le revenu. Ainsi, que vous soyez cadre d’entreprise ou ouvrier sans qualification, la TVA sera exactement la même pour n’importe quel produit acheté. Certes, une personne plus riche consommera davantage et paiera, indirectement, davantage de TVA qu’une personne modeste mais sur le principe, il s’agit d’un impôt injuste qui ne tient pas compte du revenu.
2. Augmenter le taux de TVA revient à augmenter le prix des produits. Le risque est donc grand de voir une baisse significative de la consommation. La consommation étant le moteur de la croissance économique, cette mesure produirait alors les effets inverses : hausse des prix, baisse de la consommation, baisse de la croissance économique, baisse de la production, augmentation du chômage.
3. Enfin, dernier inconvénient, avec cette mesure, les recettes de l’Etat pour financer les indemnités chômage, les retraites, les dépenses de maladie, deviendraient entièrement dépendantes de la croissance. Si la croissance économique venait à faiblir, les rentrées d’argent diminueraient et le déficit de l’Etat s’aggraverait encore plus rapidement que dans le système actuel.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite