France: l’extrême droite veut interdire l’école aux enfants de sans-papiers

La patronne de l’extrême droite française Marine Le Pen a déclaré jeudi qu’elle interdirait l’école aux enfants d’étrangers sans papiers si elle était élue présidente en 2017, s’attirant une volée de critiques.

"Je n’ai rien contre les étrangers, mais je leur dis: +Si vous venez dans notre pays, ne vous attendez pas à ce que vous soyez pris en charge, à être soignés, que vos enfants soient éduqués gratuitement, maintenant c’est terminé, c’est la fin de la récréation!+", a déclaré Marine Le Pen lors d’une rencontre avec la presse.

La patronne du Front national (FN), que tous les sondages annoncent au second tour de la présidentielle, a ensuite précisé à l’AFP vouloir aussi faire payer aux parents étrangers en situation régulière mais qui ne travaillent pas, une "contribution" aux frais de scolarité de leurs enfants.

"Plus de scolarisation des clandestins. Et contribution au système scolaire de la part des étrangers sauf s’ils cotisent en situation légale", a-t-elle dit, assurant que "demander une participation aux étrangers pour la scolarisation de leurs enfants (…) se fait dans beaucoup de pays dans le monde".

En France, conformément à la déclaration universelle des droits de l’Homme, l’école publique est gratuite et obligatoire pour tous les enfants, sans distinction sur la situation administrative des parents.

D’une façon générale, "nous envisageons un accès restreint à la gratuité de certains services publics et à certaines prestations sociales aux étrangers qui arrivent dans le pays et n’ont pas encore cotisé et payé d’impôt", a ajouté Marine Le Pen, qui "précisera" ses intentions ultérieurement.

Sans attendre, sa déclaration a été qualifiée d’"énorme provocation" par le parti socialiste, de "barbare" par le candidat de la gauche radicale à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, et de "profondément choquante" par le parti Les Républicains (droite).

La ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem a condamné son "indifférence la plus totale à des situations humainement terribles affectant de jeunes enfants" et "sa méconnaissance de tous les principes républicains et de toutes les conventions internationales dont la France est signataire".

Le déracinement « n’est pas une récréation »

"Il faudra un jour expliquer à Marine Le Pen que le déracinement lié à l’immigration n’est pas +une récréation+", a de son côté jugé la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), pour qui "Marine Le Pen plagie son père".

Cette ancienne avocate de 48 ans a pris les rênes du Front national en 2011 au départ de son père Jean-Marie Le Pen, cofondateur et président du parti pendant une quarantaine d’années.

Tout en restant fidèle aux fondamentaux du FN (contre l’immigration, l’islam et l’Europe), elle s’attache depuis à éviter les dérapages racistes et antisémites qui avaient valu à son père de multiples condamnations.

Cette stratégie, ainsi que la montée des inquiétudes face aux attentats jihadistes et à la crise migratoire européenne, lui ont permis de progresser à chaque élection. Mais les sondages la donnent battue au second tour face au candidat de la droite François Fillon, comme son père l’avait été en 2002.

A l’époque, de nombreux électeurs de gauche avaient voté pour le président sortant de droite Jacques Chirac dans le seul but d’empêcher Jean-Marie Le Pen d’être élu. Ce "front républicain" a de nouveau privé le FN de deux régions lors d’élections locales fin 2015.

Pour éviter ce scénario en 2017, Marine Le Pen a fait toute sa pré-campagne sur le slogan de "la France apaisée", afin de rassurer les nombreux Français, qui lui restent hostiles.

Ses propos sur l’école semblent marquer une inflexion, ce qui préoccupe certains membres de son parti. "Si elle dit des bêtises comme ça, la campagne va rater" s’est inquiété un responsable du FN.

L’élection surprise de Donald Trump aux Etats-Unis aurait-elle délié sa parole ? Le milliardaire républicain avait, durant sa campagne, également promis d’abandonner un programme qui permet à des centaines de milliers de jeunes sans-papiers d’étudier. Dans une interview récente, le président élu a toutefois semblé prêt à revenir sur cette promesse.

(Avec AFP)

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