France: l’appel à l’union nationale de Hollande vole en éclats après les critiques de la droite

Le chef de la droite Nicolas Sarkozy a fait voler en éclat l’union nationale souhaitée par le président François Hollande après les pires attentats jamais commis en France, en appelant dimanche à des changements "drastiques" dans la politique de sécurité du pays.

L’ancien président battu en 2012, aujourd’hui dirigeant du parti Les Républicains, a été le premier responsable politique reçu dans la matinée par François Hollande, au premier jour d’un deuil national de trois jours en hommage aux victimes des attentats de vendredi soir.

Le président socialiste devait recevoir dans la journée tous les chefs de partis représentés au Parlement, y compris la dirigeante du Front national (extrême droite) Marine Le Pen, avant de s’exprimer devant le parlement réuni en congrès à Versailles lundi. Une procédure rarissime justifiée selon lui par le besoin "d’unité" et de "rassemblement" face à cette épreuve.

Dès le soir des attentats qui ont fait 129 morts, le chef de l’Etat avait appelé à "l’unité indispensable" pour défendre "notre patrie (..) les valeurs d’humanité". Dimanche, son Premier ministre, Manuel Valls, a exhorté les partis à "l’union sacrée".

En janvier, les attaques contre le journal Charlie Hebdo et une supérette casher (17 morts) avaient suscité une unité politique – brève mais quasi totale – et des cortèges de solidarité dans tout le pays.

Mais au sortir de son entrevue avec le chef de l’Etat, le ton de Nicolas Sarkozy était très critique. "J’ai dit au président Hollande qu’il me semblait que nous devions construire des réponses adaptées, ce qui veut dire une inflexion de notre politique étrangère, des décisions au plan européen et des modifications drastiques de notre politique de sécurité", a-t-il déclaré.

Il a aussi réclamé "une nouvelle politique d’immigration" européenne même si, a-t-il ajouté, il n’y a "pas de lien" avec les attentats.

Nicolas Sarkozy avait dès vendredi exigé des "inflexions majeures" dans la politique de sécurité de la France.

Marine Le Pen de son côté a déclaré samedi que "la France et les Français ne sont plus en sécurité", que "la France a été rendue vulnérable" et "doit se réarmer".

Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, François Hollande ne pouvait espérer renouer avec le soutien quasi inconditionnel exprimé après la première vague d’attentats de janvier 2015.

En dix mois, le contexte politique a changé. Malgré des mois de bombardements, d’abord en Irak et depuis septembre en Syrie, la coalition internationale peine à affaiblir le groupe Etat islamique (EI), suscitant des appels de l’opposition en France à une action de plus grande ampleur, coordonnée avec la Russie et même, selon certains, avec le pouvoir de Bachar al-Assad.

Qui plus est, à un an et demi de l’élection présidentielle de 2017, les partis sont en campagne pour un scrutin régional en décembre qui s’annonce comme une déroute pour les socialistes au pouvoir.

"Aller plus loin"

En janvier, la cote de popularité du chef de l’Etat, au plus bas, avait effectué un spectaculaire rebond avant de s’effriter ensuite puisque moins d’un Français sur trois en a aujourd’hui une opinion favorable.

Cette fois, après un "réflexe immédiat de solidarité de l’opinion", le président risque "un effet de retour peut-être très douloureux", juge M. Sainte-Marie.

"La répétition des choses peut provoquer une réflexion politique sur les choix élyséens, des critiques. D’une part sur l’efficacité de la prévention, l’aspect sécuritaire, mais également l’aspect diplomatique, +est-ce que les choix français en matière diplomatique sont les bons+?", estime-t-il.

Critique sur la stratégie de François Hollande en Syrie, Nicolas Sarkozy l’avait appelé à "travailler" avec la Russie, jugée "incontournable" à la résolution de la crise, quitte à renoncer à faire du départ de Bachar al-Assad une condition préalable à toute solution politique.

Samedi, le très pondéré Alain Juppé, ex-Premier ministre et candidat aux primaires à droite, a lui aussi jugé "indispensable de clarifier les objectifs de la coalition internationale (en Syrie), qui aujourd’hui n’est pas efficace".

"J’étais sur la ligne du gouvernement, ni Daech (acronyme en arabe de l’EI), ni Bachar. Aujourd’hui (…) il y a des hiérarchies, il y a des priorités, il faut écraser Daech", a déclaré M. Juppé sur la chaîne France2.

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