France : l’adieu au prêtre égorgé dans son église lors d’obsèques solennelles

Une assistance "unie dans la peine et l’effroi" a dit adieu mardi au prêtre français égorgé il y a une semaine par deux jihadistes dans son église en Normandie lors d’obsèques solennelles dans la cathédrale de Rouen, sous haute protection policière.

L’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, a salué la présence de représentants des confessions protestante, juive et musulmane parmi quelque 2.000 personnes venues assister à la célébration. Le ministre de l’Intérieur et des Cultes Bernard Cazeneuve représentait le gouvernement.

Le cercueil de Jacques Hamel, 85 ans, assassiné le 26 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray (nord-ouest), a été accompagné jusque devant l’autel par une longue procession de prêtres et de séminaristes revêtus de leur aube blanche et d’une étole mauve, couleur du deuil, avant d’être posé à même le sol, encadré par quatre grands cierges blancs.

Dans son homélie, Mgr Lebrun s’est adressé à ceux qui sont tentés par le jihad. "Vous que la violence diabolique tourmente, vous que la folie meurtrière démoniaque entraîne à tuer (…) priez Dieu de vous libérer de l’emprise du démon. Nous prions pour vous, nous prions Jésus qui guérissait ceux qui étaient sous le pouvoir du mal", a-t-il dit.

"Nous sommes blessés, atterrés, mais pas anéantis", a ajouté l’archevêque à la communauté catholique.

Un point de vue partagé par des fidèles. "Un prêtre a été tué par des terroristes, il faut montrer sa présence pour dire non", souligne Jean-François, retraité militaire, 72 ans, qui préfère taire son nom. Venir, "c’était un devoir. On est là pour le bon vivre ensemble", témoigne Hassan Houays, musulman et professeur de mathématiques à Saint-Etienne-du-Rouvray.

Ceux qui n’avaient pu pénétrer à l’intérieur de la cathédrale gothique ont pu malgré la pluie suivre à l’extérieur, sur un écran géant, l’hommage rendu au père Hamel, tué pendant qu’il célébrait une messe matinale pour cinq fidèles.

Cet assassinat, chargé de symboles, perpétré par deux jihadistes de 19 ans se réclamant du groupe Etat islamique (EI) a causé un vif émoi en France. Le religieux était connu localement pour son investissement personnel dans le dialogue inter-religieux avec les musulmans de Saint-Etienne-du-Rouvray.

Cet attentat, le dernier d’une longue série qui endeuille la France depuis un an et demi, a été commis douze jours après le massacre de Nice (sud-est, 84 morts) perpétré par un Tunisien au volant d’un camion après le feu d’artifice du 14 juillet, sur la Promenade des Anglais.

Les conditions de sécurité autour de la cathédrale ont été renforcées pour cette cérémonie. Vingt camions des forces de l’ordre pouvaient être ainsi dénombrés et toutes les personnes entrant dans l’édifice religieux ont dû se plier à des fouilles.

Le père Hamel, originaire du nord de la France, ne sera pas inhumé à Rouen, mais en un lieu que la famille veut garder secret, et dans la plus stricte intimité familiale, selon ses proches.

L’église théâtre du sordide assassinat restera quant à elle fermée pour plusieurs semaines, a fait savoir le diocèse, jusqu’à ce qu’un "rite pénitentiel de réparation" permette sa réouverture et la reprise du culte après la profanation.

Ces obsèques se déroulaient deux jours après que des centaines de musulmans sont allés prier dans les églises de France aux côtés des catholiques pour la messe dominicale, en signe de "solidarité" et d’"espérance". Le pape François, évoquant dimanche cet attentat, a refusé de faire l’amalgame entre islam et violences.

Les deux responsables de l’attaque, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, qui vivaient à 700 kilomètres de distance et n’ont fait connaissance que quelques jours avant de passer à l’acte via une messagerie cryptée sur internet, ont été tués par la police dans les minutes ayant suivi la prise d’otage.

Les représentants de la communauté musulmane de Saint-Etienne-du-Rouvray, où habitait Adel Kermiche, ont annoncé leur refus d’organiser son inhumation.

Source AFP

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