France: inculpation attendue pour l’auteur de l’attaque du Thalys

Ayoub El Khazzani, l’auteur de l’attentat déjoué contre le Thalys Amsterdam-Paris, devrait être formellement inculpé mardi en France, où les enquêteurs tentent toujours d’éclaircir les zones d’ombre du parcours de ce Marocain jihadiste présumé de 25 ans.

S’adressant en fin de matinée aux ambassadeurs français réunis à Paris, le président français François Hollande a estimé que cette attaque ratée démontrait que "nous devons nous préparer à d’autres assauts et donc nous protéger".

"Nous sommes toujours exposés et l’agression qui s’est produite vendredi aurait pu dégénérer en un carnage monstrueux sans le courage de plusieurs passagers, notamment de militaires américains", a ajouté le chef de l’État.

Au terme de quatre jours de garde à vue, Ayoub El Khazzani doit être présenté dans la soirée aux juges antiterroristes en vue de sa mise en examen (inculpation) et son placement en détention.

Transféré samedi, au lendemain de son attaque avortée, au siège des renseignements intérieurs français près de Paris, il nie toute motivation terroriste et affirme avoir voulu braquer les passagers du train, sans convaincre les enquêteurs.

De l’aveu des autorités, l’attentat du Thalys, en fin d’après-midi vendredi entre la Belgique et la France, aurait sans doute donné lieu à "un véritable carnage" sans l’intervention de passagers qui ont maîtrisé Ayoub El Khazzani alors qu’il sortait des toilettes lourdement armé.

Parmi eux, trois jeunes Américains, dont deux militaires en vacances, et un Britannique, ont été salués en héros et François Hollande les a décorés lundi de la Légion d’honneur, la plus haute distinction française.

Deux autres passagers, un Français et un Franco-Américain, ainsi que deux agents des chemins de fer français auront droit à la même décoration pour leur action.

A Washington, le Pentagone a annoncé que l’un des deux soldats, Spencer Stone, première classe dans l’US Air Force, recevra la médaille de l’aviateur, plus haute décoration de l’armée de l’Air américaine.

Ayoub El Khazzani avait en main un fusil d’assaut Kalachnikov et portait également sur lui neuf chargeurs, un pistolet Luger et un cutter lorsqu’il a été contré.

Spencer Stone a été blessé au cutter dans l’action tandis que le passager franco-américain, Mark Moogalian, a été grièvement touché par balle. Hospitalisé à Lille (nord), il était toujours lundi soir dans un état jugé "préoccupant" par ses médecins.

El Khazzani, décrit comme un sans-abri "squelettique" par l’avocate qui l’a assisté aux premières heures de sa garde à vue, a réfuté tout acte terroriste lors de ses premières auditions.

Il a affirmé avoir trouvé sa Kalachnikov par hasard dans un jardin public proche de la gare de Bruxelles-Midi. Mais ses déclarations n’ont pas convaincu les enquêteurs français, qui tentent de faire parler les deux téléphones portables retrouvés sur lui.

– Parcours sinueux –

Outre la question d’éventuelles complicités ou de commanditaires de son geste, les enquêteurs s’évertuent à reconstituer le parcours sinueux du jeune Marocain, repéré par le passé par les renseignements de quatre pays européens (Espagne, France, Allemagne, Belgique).

Arrivé en Espagne en 2007, vers 18 ans, installé à Algesiras (sud) où vit son père, le suspect avait été signalé pour ses discours radicaux dans des mosquées et s’était fait connaître pour trafic de drogue.

Début 2014, les services de renseignement espagnols signalent à leurs homologues français son intention de franchir la frontière.

Un séjour en France est désormais attesté, puisque l’opérateur de téléphonie mobile Lycamobile a confirmé lundi avoir employé El Khazzani de février à avril 2014, avant de se séparer de lui car ses papiers "ne lui permettaient pas de travailler" dans le pays.

Le 10 mai 2015, Ayoub El Khazzani a été repéré à Berlin d’où il s’est envolé pour la Turquie. Ce voyage pose la question d’un passage vers les zones de Syrie sous contrôle de l’organisation Etat islamique (EI).

D’après l’avocate qui l’a rencontré, il a raconté s’être déplacé ces six derniers mois en Belgique, Allemagne, Autriche, France et en Andorre.

Depuis les sanglants attentats jihadistes de Paris (17 morts) début janvier, la France a été la cible d’autres tentatives d’attaques, pour certaines meurtrières.

Dans son discours, François Hollande a estimé que le groupe Etat islamique, qu’il a désigné sous son acronyme arabe Daech, "est le plus grand danger".

En Espagne, les autorités ont annoncé mardi l’arrestation de 14 personnes, liées à Daech, dans le cadre d’une "opération antiterroriste" menée conjointement en Espagne et au Maroc.

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