France: huit ans de prison pour un « cyberjihadiste » tunisien

Un "cyberjihadiste" tunisien, administrateur d’un site lié à Al-Qaïda, a été condamné jeudi à huit ans de prison par la justice française qui a jugé qu’il avait déployé une "activité particulièrement grave et inquiétante".

La peine, conforme aux réquisitions, a été assortie d’une interdiction définitive du territoire français (également demandée), mais le tribunal de l’a pas assortie d’une peine de sûreté des deux-tiers, qu’avait demandée la procureure.

Nabil Amdouni, 37 ans, avait été arrêté en juillet 2012 à Toulon (sud), où il vivait avec sa femme française – qui a depuis divorcé – et leurs deux enfants. Les services de renseignements l’avaient identifié depuis environ un an comme administrateur du site "Choumoukh al-islam".

Il avait créé ce site, hébergé sur un serveur en Malaisie, en juin 2007, après avoir gravi les échelons (simple membre, modérateur puis administrateur) d’un autre site web jihadiste. "Choumoukh al-islam" (fierté de l’islam) avait reçu l’agrément d’Al-Fajr, la branche médiatique d’Al-Qaïda, et était "un forum jihadiste, islamiste, qui défend les valeurs de l’islam", selon les mots de M. Amdouni.

Nombre des messages dans la partie privée des forums étaient cryptés et Choumoukh, en lien régulier avec Al-Qaïda dans la péninsule arabique et Al-Qaïda au Maghreb islamique était "devenu le meilleur moyen de transmission entre des organisations terroristes" selon le président du tribunal correctionnel.

Ont ainsi été transmis des détails sur des personnalités cibles potentielles, la fabrication d’explosifs, ou encore des revendications d’enlèvements. Des filières de recrutement ou de financement étaient également promues, mais M. Amdouni a affirmé avoir aidé "seulement deux" candidats jihadistes à partir au Yémen.

Tout en reconnaissant les faits, M. Amdouni, en détention provisoire depuis son interpellation, a assuré "s’être éloigné" de ses convictions jihadistes d’alors et avoir "été trompé par ces groupes qui maintenant se battent entre eux et tuent des musulmans". "A cette époque je croyais que c’était une guerre, que c’était un devoir à accomplir, que ma foi m’appelait".

Soulignant que "les sites web sont devenus des outils incontournables du terrorisme contemporain", la procureure a qualifié le prévenu "d’un des maîtres du jeu d’un autre jihad, le jihad médiatique", tout en relevant qu’il avait aussi transmis des "informations opérationnelles". "C’est un terrain aussi ravageur que celui de ceux qui partent prendre les armes et c’est évidemment à cause de tels sites que la radicalisation se fait et que de plus en plus de jeunes franchissent le pas".

Pour la défense, Me Eric Bourlion a notamment relevé le changement affiché par son client, estimant en conséquence qu’il "y a autre chose à faire que la prison pour cet homme là".

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite