France: forte mobilisation pour le premier tour d’une présidentielle à suspense

Les Français affluaient dimanche dans les bureaux de vote, sous haute surveillance après un nouvel attentat à Paris, pour participer au premier tour d’une élection présidentielle à l’issue imprévisible et cruciale pour l’avenir de l’Union européenne.

Quatre heures après l’ouverture des bureaux de vote, la participation s’élevait à 28,54%, l’un des plus hauts niveaux depuis 40 ans.

"C’est important de voter, mais on n’a pas beaucoup de bons choix, donc j’ai voté pour le moins mauvais", a confié André Pouilly, un retraité de 67 ans de Calais (nord).

Le niveau de mobilisation des 47 millions d’électeurs est l’une des clés de ce scrutin, alors qu’un sur quatre se disait encore indécis avant le premier tour.

Sur les onze candidats en lice, un quatuor de favoris se détache, mené par le jeune centriste Emmanuel Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, au coude à coude. Ils sont talonnés par le conservateur François Fillon et le tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.

Trois jours après une attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique au coeur de Paris, qui a coûté la vie à un policier, 50.000 policiers et 7.000 militaires étaient déployés pour veiller au bon déroulement du scrutin.

Le président sortant François Hollande, qui ne se représente pas, a appelé les électeurs à "montrer que la démocratie est plus forte que tout".

Visée depuis janvier 2015 par une série d’attaques jihadistes qui ont fait 239 morts, la France vit sous la menace du terrorisme et cette présidentielle se déroule pour la première fois sous le régime de l’état d’urgence.

"Les attentats n’ont aucun impact sur mon vote. Les extrémistes n’attendent que ça", a estimé Samba Bathily, un fonctionnaire parisien de 41 ans.

Les derniers bureaux de vote fermeront à 18H00 GMT, et les deux candidats arrivés en tête s’affronteront le 7 mai.

La totalité des candidats ont voté dans la matinée: au Touquet, coquette station balnéaire au bord de la Manche, pour Emmanuel Macron, apparu détendu avec sa femme Brigitte, ou à Hénin-Beaumont, son fief du nord, pour Marine Le Pen, sourire aux lèvres.

A 48 ans, la présidente du Front national, espère bien profiter de la vague populiste qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche et conduit la Grande-Bretagne à voter pour la sortie de l’Union européenne.

Celle qui se définit comme une "patriote" veut en finir avec l’euro et la libre circulation dans l’espace européen de Schengen. Un programme qui pourrait donner le coup de grâce à une UE déjà fragilisée par le Brexit, selon les observateurs.

A l’inverse, le benjamin des candidats, Emmanuel Macron, 39 ans, a mené campagne sur une ligne pro-européenne et un programme libéral, tant en économie que sur les questions de société.

Nouveau venu en politique, cet ex-ministre de l’Economie (2014-2016) a construit la popularité de son mouvement "En Marche!", qui se veut "et-de-droite-et-de-gauche", sur le rejet des partis traditionnels et le désir de renouvellement exprimés par les Français.

Au fil d’une campagne riche en rebondissements, les ténors qui occupaient la scène politique depuis une décennie sont tombés les uns après les autres, tel l’ancien président Nicolas Sarkozy, sèchement éliminé de la primaire de la droite.

Affaibli par son impopularité persistante, le président sortant François Hollande a été contraint de renoncer à se représenter, une première en France depuis plus de soixante ans.

Son Premier ministre, Manuel Valls, a échoué à prendre le relais, éliminé de la primaire du parti socialiste par un candidat ancré plus à gauche, Benoît Hamon.

Autre coup de théâtre, le conservateur François Fillon – favori après sa large victoire à la primaire de son camp – a dévissé dans les sondages après la révélation fin janvier de soupçons d’emplois fictifs au Parlement au bénéfice de sa femme et de ses enfants.

Malgré son inculpation pour détournement de fonds publics en mars, cet admirateur de Margaret Thatcher, âgé de 63 ans, a refusé de retirer sa candidature, et continué à défendre âprement son programme de réduction des dépenses publiques.

Ultime surprise, il s’est vu rattrapé dans la dernière ligne droite par un autre candidat "hors parti", Jean-Luc Mélenchon, 65 ans, ex-socialiste devenu le champion de la gauche radicale sous le slogan de la "France insoumise".

La percée dans les sondages de ce tribun enflammé, prêt à claquer la porte de l’UE si cette dernière refuse de se réformer, a renforcé l’incertitude sur l’issue du scrutin, suivi de très près à l’étranger.

Le président américain Donald Trump a mis son grain de sel dans les débats, se disant persuadé que l’attentat de Paris "aiderait probablement" Marine Le Pen, qui lui voue une admiration non dissimulée.

Son prédécesseur Barack Obama a lui donné un coup de pouce à Emmanuel Macron en l’appelant au téléphone, mais sans aller jusqu’à soutenir officiellement celui qui ambitionne de devenir le plus jeune président de France.

AFP

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