France: déficit, dette et « boîte à outils »

France: déficit, dette et
Au lendemain de l’interview télévisée du président François Hollande sur France 2, la pression se fait forte sur le gouvernement français. Prévu à l’origine à 4,5% du PIB, puis 4,6% une fois que Bruxelles a jugé qu’il devait intégrer le coût de sauvetage de la banque Dexia, le déficit public de la France pour 2012 est ressorti finalement à 4,8%.

"L’écart avec la prévision de 4,5% est lié à une révision à la hausse du déficit public 2011 (5,3% au lieu de 5,2%), à Dexia et au budget rectificatif européen ainsi qu’à « la dégradation de l’environnement économique en Europe et en France », soulignent vendredi le ministre des Finances, Pierre Moscovici, et le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. « La croissance en France sur l’ensemble de l’année 2012 a été nulle, contre 0,3% prévu à l’automne ce qui a pesé sur les recettes, tout particulièrement la TVA et les cotisations sociales. A l’inverse, les recettes de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés ont été conformes aux prévisions », notent-ils.

Moscovici et Cazeneuve ont invoqué la conjoncture déprimée pour justifier cet écart et fait valoir que l’effort "structurel" promis pour 2012, soit une baisse de 1,2 point du déficit par rapport à 2011, avait été réalisé.

Pierre Moscovici a confirmé en outre que ce même déficit public se situerait fin 2013 autour des 3,7% retenus par la Commission européenne dans ses prévisions de février, Paris ayant reconnu que les 3% promis à l’origine pour cette année ne pouvaient être atteints.

Le dette publique a, elle, continué d’exploser atteignant fin 2012 un nouveau record à 90,2% du PIB, plus que les 89,9% prévus par le gouvernement, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques. Elle s’élevait à 85,8% en 2011.

Lors de son entretien avec David Pujadas, l’un des principaux objectifs du président de la République a consisté à rassurer les Français. Malgré la crise économique, en dépit de la dégradation continue des chiffres du chômage, l’exécutif veut montrer qu’il agit. Pacte de compétitivité, réforme du marché du travail, emplois d’avenir, contrats de génération… François Hollande a fait longuement la promotion des "outils" mis en place par la majorité pour l’emploi et le retour de la croissance, assurant le service après-vente de chacune des réformes engagées. Et il a notamment incité les entreprises à "les utiliser pleinement".

"Boîte à outils" et bricolage

Pour l’opposition, François Hollande ne s’est pas montré à la hauteur de la situation lors de son intervention télévisée. Et l’emploi du terme "outils" en serait la preuve. L’opposition raille un "bricoleur", un "garagiste". "La boîte à outils pour le bricolage, d’accord, mais pas pour faire reculer ce qui est l’enjeu numéro un pour les Français : faire reculer le chômage", s’est ainsi moqué vendredi Xavier Bertrand, ancien ministre du Travail UMP, sur France 2.

François Hollande a-t-il eu raison de parler d’outils et de boîte à outils pour expliquer sa politique ? Les railleries de l’opposition étaient-elles prévisibles ? Pour Mariette Darrigrand, sémiologue, il s’agit d’un choix "catastrophique". Contactée par francetv info, cette spécialiste des mots et des images médiatiques estime que le président "a réduit une grande chose, la politique, à une petite chose, le bricolage".

"Le bricolage renvoie au quotidien, un travail sans finalité claire, un peu brouillonne", commente la sémiologue. "François Hollande parle de la ‘maison France’ et de sa ‘boîte à outils’, mais c’est réducteur. Cela minimise et abaisse la fonction présidentielle, comparée à l’image du père de famille qui bricole."

Comment expliquer l’emploi de ces termes qui se révèle malheureux ? "On sent très bien le mauvais choix de communicant, note la sémiologue. Certainement quelqu’un qui a dû vouloir faire parler le président avec un terme du quotidien, qui est en fait trivial. A l’évidence, il s’agissait d’une perche tendue aux opposants."

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