France/attentats: le grand défi de Frank Berton, l’avocat de Salah Abdeslam

Des procès sur la pédophilie en passant par la défense d’un islamiste mêlé aux attentats de Paris en 1995, l’avocat Frank Berton, qui défendra Salah Abdeslam devant la justice française, s’est déjà illustré dans plusieurs affaires judiciaires majeures en France.

Mais à 53 ans, ce natif d’Amiens (nord) s’apprête "à relever le plus grand défi de sa carrière", note Jean-Luc Romero, ancien président du comité de soutien à Florence Cassez, la Française détenue au Mexique que Me Berton contribua à sortir de sept ans d’enfer dans les geôles de Mexico.

"Les défis, il adore ça. C’est quelqu’un qui a le sens du rôle de l’avocat, et dans une démocratie, il faut aussi des avocats pour défendre des terroristes présumés, même s’il sait qu’il va prendre des coups et des risques en défendant celui qui est considéré comme l’ennemi public N°1", poursuit cet élu parisien.

Berton, pour le grand public, c’est d’abord ce physique de cow-boy, regard très noir, clope au bec, cheveux gominés vers l’arrière, voix presque rauque. Une présence parfois intimidante, qui cache "sous ses airs bourrus, un affectif et un bon vivant", selon M. Romero.

Admis en 1989 au barreau de Lille (nord), après une enfance où il doit faire face à un père violent, il entre dans le paysage médiatique français en 1999 lorsqu’il défend l’un des islamistes impliqués dans les attentats de 1995. L’affaire d’Outreau, une affaire sordide d’abus sexuels sur mineurs dans le nord de la France, lui sert ensuite de "marche-pied vers la notoriété", comme l’explique Serge Garde, auteur du documentaire "Outreau, l’autre vérité": au milieu des années 2000, il obtiendra l’acquittement de ses deux clients.

Un magistrat lillois qui l’a connu à ses débuts témoigne aujourd’hui: "il était dans la lignée de ces avocats très pugnaces, qui ne s’en laissent pas conter, avec une double approche du dossier: sur le fond, et en traquant les irrégularités de procédure. C’était un adversaire redoutable, mais loyal, qui ne faisait pas de cadeau, et sans connivence".

"Un type qui est défendu par Frank Berton est bien défendu. Il s’accroche, il se bat", assure Me Eric Dupond-Moretti, autre figure du barreau de Lille, qui a travaillé avec lui sur Outreau. "Il sait prendre les coups et les rendre", résume encore un autre avocat lillois en vue, Emmanuel Riglaire.

En 2015, pour sa dernière grande affaire à ce jour, il est au soutien de Dominique Cottrez, mère accusée de la plus grave affaire d’infanticide jamais jugée en France. Elle ne sera finalement condamnée qu’à neuf ans de prison après avoir été reconnue coupable des meurtres de huit de ses nouveaux-nés par la cour d’assises de Douai.

Dans ce dossier terrible, "il a été d’un grand professionnalisme du début à la fin. Tout le monde a été surpris" par l’aveu de l’accusée qu’elle avait menti en affirmant avoir été violée par son père pendant son enfance, "mais à aucun moment il ne l’a laissée tomber ni mal défendue", témoigne un autre magistrat. "Il a fait face, on l’a senti choqué mais il s’est tout de suite repris", témoigne un journaliste de l’AFP présent lors de ce coup de théâtre.

Ces compliments n’impliquent pas l’unanimité. "Il est toujours à la limite de l’excès dans ses plaidoiries", observe un confrère lillois, qui relève le côté "médiatique" des dossiers plaidés. En l’occurrence, avec Salah Abdeslam, il sera servi…

Samedi, Frank Berton doit se rendre en République dominicaine, a-t-il indiqué mercredi à l’AFP, pour assurer la défense de Christophe Naudin, impliqué dans l’évasion des deux pilotes français mis en cause dans l’affaire "Air Cocaïne".

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