France-Y a-t-il un parapluie pour sauver la République ?

Pendant que le gouvernement démissionnait, François Hollande prenait l’eau sur l’île de Sein. Des images qui résument jusqu’à l’absurde la situation politique.


Pluie, grêle, foudre: quand la météo s'acharne… par LEXPRESS

Les images étaient épouvantables, presque traumatisantes ! Lundi 25 août, poursuivant son marathon "commémorationnel", François Hollande s’est rendu sur l’île de Sein. Il venait saluer ces 133 civils, âgés de 16 à 54 ans, et ces 24 militaires de la garnison qui au lendemain de l’appel du 18 juin ont gagné Londres. L’île est l’une des cinq communes françaises qui ont été faites Compagnons de la Libération. À peine le chef de l’État posait-il le pied sur ce confetti de France que les éléments se déchaînaient ! Les chaînes d’information permanente firent le reste… François Hollande sous des trombes d’eau ânonna péniblement son discours. Sa langue fourcha, il parla du "parti" plutôt que de la "patrie". On vit de la buée sur ses lunettes, des trombes d’eau sur son visage. Bientôt son costume fut à tordre.

S’il avait fallu une image pour illustrer la situation politique de sa majorité, ce petit homme battu par les vents, martyrisé par la pluie, ridiculisé par la météo, perdu dans ses notes, esseulé devant les caméras suffisait à montrer le désarroi de tout un peuple. Mais pourquoi donc personne ne lui tenait un parapluie ? Son entourage est-il à ce point incompétent qu’il n’ait pas pensé à prévoir cet accessoire ? Où est passé Gaspard Ganzer, son conseiller en communication présenté à sa nomination comme un as de la spécialité ? Ou François Hollande a-t-il voulu "faire passer un message" ? Un président qui veut protéger ses concitoyens les protège d’abord du spectacle qu’il leur offre. Mais qu’ont fait les Français pour se sentir à ce point humiliés par cette scène tout droit sortie de L’Enfer de Dante ?

La pluie ruissèle, la crise de régime bat son plein

Quand bien même le temps eût été au beau fixe, le choix de l’île de Sein était (très) contestable. Cette terre est surnommée l’île des naufrages tant, depuis le XVIIe siècle, les bateaux échoués y sont légion… Un proverbe breton dit même : "Qui voit Sein voit sa fin" ! Depuis ce lundi, l’île compte un naufragé de plus ! D’une beauté sauvage, elle n’offre aucune image joyeuse, aucun point de vue qui mette en valeur l’orateur : rien qui n’élève la fonction présidentielle. Politiquement, Sein est une place forte du gaullisme. Le Général s’y rendit à de nombreuses reprises pendant sa présidence. François Hollande cherche-t-il cet auguste parrainage pour reprendre de la hauteur, lui qui jamais ne fit référence à son lointain prédécesseur… N’y a-t-il pas d’autres déplacements présidentiels à effectuer la semaine de la rentrée politique ?

Et pendant que la pluie ruisselait sur le costume du chef de l’État, la crise de régime battait son plein. Le gouvernement de Manuel Valls entre dans les livres d’Histoire pour être le plus bref de la Ve République. Des voix de plus en plus autorisées s’interrogent sur le point de savoir si le locataire de l’Élysée peut aller au bout de son mandat. Dans son art de la synthèse, Hollande réussit à mettre d’accord Le Figaro et Libération qui mardi barrent leurs unes du même titre : Crise de régime ! Commémorer, couper des rubans, poser des premières pierres, "inaugurer les chrysanthèmes", telles étaient les prérogatives des présidents de la IVe République. Mais Vincent Auriol et René Coty, eux, faisaient cela avec élégance et en respectant leur fonction.

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