France : Strauss-Kahn évoque sa vie sexuelle et s’énerve à son procès pour proxénétisme

"Absurde !", "Fausse logique !" : l’ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn s’est emporté mercredi, au deuxième jour de son audition par un tribunal français, s’indignant que la rudesse de sa sexualité puisse être considérée comme une preuve à charge.

"Je commence à en avoir un peu assez", a lâché DSK, 65 ans, accusé de proxénétisme aggravé devant le tribunal de Lille (nord).

"Les comportements que j’ai (…) n’ont de sens (dans ce procès) que s’ils impliquent que cela nécessite d’avoir des prostituées, ce qui est absurde", a-t-il tonné. "Sauf à vouloir me faire comparaître devant les juges pour pratiques dévoyées, ce qui n’existe plus" en droit français, a relevé l’ex-homme politique français vedette, dans une allusion à la sodomie.

Le tribunal a continué mercredi de donner des détails sur la participation de l’ancien favori des sondages pour la présidentielle française de 2012 à des parties fines avec des prostituées. L’une d’elles a raconté qu’il l’avait emmenée visiter le siège du Fonds monétaire international, à Washington, la faisant passer pour une secrétaire.

Les deux anciennes prostituées qui ont témoigné jusqu’à présent ont insisté sur le caractère brutal de leurs rapports intimes avec DSK, qui montrait à leurs yeux qu’il savait qui elles étaient.

En larmes, "Jade" a raconté une soirée commencée dans un club échangiste belge à l’automne 2009. "Une boucherie", selon elle, poursuivie dans la chambre bruxelloise de DSK où il l’a sodomisée.

Elle fond en larmes à l’évocation d’un moment "plus que désagréable". "Chaque fois que je vois sa photo, je revis (ce moment) qui me déchire dedans", souffle-t-elle, parlant d’un "empalement de l’intérieur".

"Je ne me suis pas rendu compte (de sa souffrance) et j’en suis désolé", réagit DSK. "Je dois avoir une sexualité qui par rapport à la moyenne des hommes est plus rude", reconnaît-il. "Que certaines femmes ne l’apprécient pas, c’est leur droit, qu’elles soient prostituées ou pas".

Depuis son implication dans l’affaire de proxénétisme dite du "Carlton", un hôtel de luxe de Lille (nord), M. Strauss-Kahn n’a pas varié d’un iota dans sa ligne de défense : il ne savait pas que les jeunes femmes qui lui ont été présentées par un cercle d’amis étaient des professionnelles.

– "Naïf et naïf" –

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Jade dit avoir expliqué à DSK qu’elle est "indépendante" et fait des spectacles de danse, où elle choisit une personne pour un rapport sexuel à la fin. Sans parler d’argent.

L’ancien patron du FMI affirme pour se défendre qu’une danseuse érotique n’est pas forcément une prostituée.

"La pratique sexuelle peut ne pas plaire à Jade, elle peut appeler ça de l’abattage, mais cela ne veut pas dire que ce sont des prostituées", martèle-t-il, dénonçant "la logique fausse continuelle" de l’accusation.

"Il y a naïf et naïf (…). On n’est pas dupes, c’est un peu facile, rétorque la jeune femme, dont une perruque préserve l’anonymat.

Selon l’ancien homme politique, ces femmes "accompagnaient des amis", toujours le même cercle, pour un "après-midi festif", "soupape de récréation" dans son emploi du temps chargé.

Le juge demande ensuite à "Jade" pourquoi elle a accepté de se rendre à Washington avec DSK en janvier 2010. Il était à l’époque directeur du FMI, aux prises avec la crise financière mondiale, et songeait à se présenter à la présidentielle de 2012 en France.

"Pour 2.000 euros, je n’allais pas dire non. J’ai fait la touriste", reconnaît la jeune femme, qui a pris des photos avec DSK à son bureau. L’une d’elles figure au dossier. Dominique Strauss-Kahn a affirmé que, s’il avait su que Jade était une prostituée, il n’aurait jamais permis ce cliché, diffusé par des médias après la révélation de l’affaire.

Le tribunal a aussi évoqué mercredi un deuxième voyage à Washington fin 2010, de trois "escorts". Au cours de l’enquête, l’une d’elles a affirmé qu’une de ses amies lui avait dit avoir parlé argent avec DSK.

Mais selon ce dernier, la femme en question se présentait comme une libertine assumée. "J’ai pu lui dire que comme elle est à Bruxelles et si elle vient à Paris, je lui paierais ses frais", a-t-il expliqué.

DSK encourt jusqu’à dix ans de prison et 1,5 million d’euros d’amende s’il est reconnu coupable de proxénétisme aggravé, accusation pour laquelle il est poursuivi aux côtés de 13 autres prévenus.

Ce nouvel étalage de sa vie privée intervient trois ans et demi après le scandale sexuel de l’hôtel Sofitel de New York qui a brisé sa carrière politique.

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