France/Présidentielle : la politique, meilleur show de télé-réalité de l’année ?

Entre glamour et people, la politique devrait être « le plus grand show télé » de la saison, au risque d’une overdose, et d’une dérive façon télé-réalité.

Source AFP

L’inflation d’émissions politiques lancées en cette rentrée – dont cinq le dimanche midi ! – illustre, à moins d’un an de l’élection présidentielle, que « la politique sera le plus grand show télé de l’année », affirme à l’Agence France-Presse Laurence Ferrari, qui recevra Arnaud Montebourg, ex-ministre PS de l’Économie et candidat à l’Élysée, dans le premier numéro de sa nouvelle émission Punchline le 18 septembre sur C8. Programmée chaque dimanche à 12 h 5, cette émission en direct, première incursion politique de la filiale de Canal+, cible l’audience « plutôt jeune » de la chaîne, dit-elle. Avec l’ambition de décrypter la politique pour ceux qui voteront pour la première fois en 2017.

De son côté, France 2 dégaine L’Émission politique, magazine bimensuel en prime time présenté par David Pujadas et Léa Salamé, qui remplace Des Paroles et des actes, avec Nicolas Sarkozy pour la première, jeudi prochain. Au programme, un face-à-face en direct avec un panel de Français, explique à l’Agence France-Presse son animateur Karim Rissouli. À partir du 18 septembre, ce dernier présentera aussi sur France 5 chaque dimanche à 18 h 35 en direct C politique, suivie de C polémique à 19 h 45, un débat animé par Bruce Toussaint.

Entretiens sur canapé

La plus décalée sera l’émission de M6 Une ambition intime, où Karine Le Marchand, l’animatrice de L’amour est dans le pré, interroge les présidentiables sur la naissance de leur ambition. Des entretiens sur canapé, que plusieurs ténors politiques ont déjà enregistrés. Enfin, France 3 diffusera tous les dimanches à 11 h 25 Dimanche en politique, présenté par Francis Letellier, qui commence dimanche avec Laurent Wauquiez. Les JT de TF1 et France 2 feront eux aussi la chasse aux invités politiques-clés. « Le jour où Sarkozy sera officiellement candidat, je veux qu’il soit dans le 20 heures de TF1 », a lancé Gilles Bouleau.

TF1 compte sur Vie politique, émission en direct et en public, lancée en juin sans périodicité fixe, présentée par Gilles Bouleau avec Christophe Jakubyszyn, chef du service politique, le dimanche à 18 h 35. L’édition de ce dimanche recevra Marine Le Pen. La chaîne a aussi décroché, avec RTL et Le Figaro, la retransmission en direct du premier débat de la primaire des Républicains le 13 octobre, animé par Gilles Bouleau, Élizabeth Martichoux de RTL et Alexis Brézet du Figaro. Le deuxième sera diffusé sur BFM TV et i>Télé le 3 novembre et le troisième par France Télévisions et Europe 1 le 17 novembre. Lors de la primaire du PS en 2011, le premier débat avait attiré près de 6 millions de téléspectateurs sur France 2.

La politique au plus proche de la télé-réalité
Les quatre chaînes d’info proposent souvent des émissions en partenariat avec des radios : Le Grand Jury le dimanche à 12 h 30 sur LCI et RTL, Le Grand Rendez-vous le dimanche à 10 heures sur Europe 1 et i>Télé et Questions politiques le dimanche midi sur France Inter et la chaîne franceinfo. BFM TV prévoit non seulement 20h Politique le soir en semaine, mais aussi une grande tranche d’actu politique en continu, BFM politique, tous les dimanches de 12 heures à 14 heures et de 18 heures à 20 heures. S’y ajouteront les émissions d’« infotainment », mêlant information et divertissement, comme On n’est pas couché le samedi sur France 2 ou Quotidien de Yann Barthès sur TMC, qui commence ce lundi soir. Même Touche pas à mon poste ! aura sa chronique de campagne.

Télés et radios devront respecter toute l’année le principe du pluralisme (temps de parole reflétant le poids politique), puis du 1er février au 9 avril assurer l’équité du temps d’antenne entre candidats (prenant en compte leur discours, ceux de leurs soutiens, mais aussi les sujets, éditos ou chroniques parlant d’eux) et du 10 avril au 5 mai, avant le scrutin, une égalité stricte du temps de parole.

Les médias « vendent au public des personnalités » et leurs programmes sont laissés le plus souvent de côté, estime Isabelle Veyrat-Masson, directrice de recherche au CNRS. On verse dans la « people-isation » du politique. « La politique devient glamour, au plus proche de la TV réalité. » Et pour Dominique Wolton, spécialiste des médias au CNRS, « ce cirque médiatico-politique » fait peser le risque de rendre « inaudible » la parole politique, nécessaire au jeu démocratique.

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