Forcing pour le « Made in France » dans la restauration collective

Le gouvernement et les collectivités locales se sont engagés vendredi à privilégier les produits des éleveurs français en crise dans l’énorme marché de la restauration collective sans changer les règles européennes sur les marchés publics.

Devant la colère des éleveurs de bovins et de porcs, ainsi que des producteurs de lait, dont les prix sont parfois inférieurs au coût de production, l’exécutif français a annoncé une série de mesures, dont la restructuration de leur dette.

On y trouve aussi l’appel à manger "français" dans la restauration collective, une mesure qui aurait un impact énorme et sur laquelle insiste beaucoup le gouvernement.

"Je veux qu’il y ait sur l’approvisionnement local, la restauration collective, des décisions qui soient prises", a déclaré jeudi François Hollande en déplacement à Dijon.

"Il y a encore dans les cantines deux tiers de l’approvisionnement qui ne vient pas de France", a-t-il rappelé, une proportion inverse de ce qui se passe en Allemagne.

Il a annoncé "des actions" pour que toutes les cantines de l’Etat privilégient les produits français.

Les associations des maires (AMF), des départements (ADF) et des régions de France (ARF), qui gèrent notamment le marché des cantines scolaires, se sont déclarées vendredi prêtes à privilégier elles aussi les produits des éleveurs français.

"On peut dès la rentrée (…) monter très significativement le pourcentage de viande française (dans les cantines)", a déclaré sur BFM TV le président de l’AMF, François Baroin. "Il faut que l’Etat nous aide, fixe un cadre, assume ce choix, quitte à ce que le débat soit reporté ensuite dans des discussions avec Bruxelles."

PRIVILEGIER LA CONSOMMATION LOCALE

Dans un communiqué, l’AMF, l’ADF et l’ARF disent que "la réglementation des marchés publics doit évoluer, en lien avec la Commission européenne, afin que soit instauré un critère privilégiant la consommation nationale et locale sécurisé juridiquement".

Mais Stéphane Le Foll a refusé vendredi d’entamer avec ses partenaires européens une négociation sans espoir.

"Ce serait perdre du temps", a-t-il déclaré après une rencontre avec les acteurs de la filière laitière. "Chacun peut faire de l’achat local aujourd’hui."

Un responsable des institutions européennes a confirmé qu’il ne fallait pas compter sur un accord qui renationaliserait de facto les marchés agricoles européens.

"Il n’est pas possible de faire une discrimination dans les appels d’offres pour les marchés publics", a-t-il expliqué en rappelant que la possibilité d’apposer sur l’étiquette la mention "viande bovine française" n’avait été acquise qu’à l’issue d’une très longue bataille européenne.

La production française peut déjà être privilégiée en insérant des critères dans les appels d’offres pour la restauration collective "publique" – les entreprises privées échappent à toute contrainte et peuvent "manger français".

Des critères sociaux, environnementaux et territoriaux peuvent ainsi être activés pour favoriser les produits français même si certaines collectivités ne disposent pas de "l’ingéniérie" pour mettre en oeuvre des mécanismes complexes.

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