Fillette noyée à Berck-Sur-Mer: 18 ans ferme requis contre Fabienne Kabou

Dix-huit ans de prison ferme ont été requis vendredi à l’encontre de Fabienne Kabou, jugée à Saint-Omer pour un crime qui a défrayé la chronique: l’assassinat de son bébé, abandonné volontairement sur une plage de Berck-sur-Mer à marée montante.

"Les histoires tragiques se ressemblent, on nous a dit que c’était un cas historique, mais c’est faux", a affirmé l’avocat général Luc Frémiot, dans un réquisitoire prononcé durant près de deux heures devant la cour d’assises du Pas-de-Calais. La parole était ensuite à la défense, avant que la Cour ne se retire pour délibérer. Le verdict est attendu dans la soirée.

Pour le représentant de l’accusation, Fabienne Kabou 39 ans, est un cas "psychanalytique" et non pas "psychiatrique". Autrement dit, l’accusée n’est pas folle, elle est responsable de son acte.

Fabienne Kabou encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Selon ses aveux, elle s’était rendue le 19 novembre 2013 de son domicile à Saint-Mandé, en région parisienne, à Berck dans le but de noyer Adélaïde, qui, durant sa courte vie, n’aura pas eu d’existence légale, faute d’avoir été inscrite à l’état civil.

Le corps de la fillette avait été retrouvé le lendemain au petit matin par des pêcheurs.

Trois psychiatres ont conclu que Fabienne Kabou présentait une "pathologie psychiatrique de type paranoïa délirante", mais d’autres ont contesté cette thèse, parlant simplement d’"un trouble psychique".

Réclamant que l’emprisonnement soit assorti d’"un suivi socio-judiciaire", M. Frémiot a estimé qu’il fallait arrêter avec "ce tout psychiatrique". "La vie ce n’est pas ça, on est dans l’humain, dans les sentiments", a-t-il dit.

"Le sujet, c’est cette petite dont on a si peu parlé, parce que Madame Kabou a pris toute la place en raison de sa personnalité… vous donnez l’impression d’une reine offensée", a-t-il dit en s’adressant à l’accusée.

Mais "ce n’est pas parce que vous êtes belle et que vous avez un QI de 135, qu’on ne peut pas vous poser des questions qui font mal", a-t-il ajouté.

– ‘le masque de l’indifférence’ –

"Vous aviez le masque de l’indifférence et de l’ironie et je ne peux pas le supporter", a-t-il poursuivi, en regardant l’accusée, impassible dans son box, tête haute et bras croisés.

"J’étais pressée par quelque chose, j’étais poussée, j’étais incitée… Je n’avais pas le choix, je n’avais le choix de rien, la date était fixée, c’était ce jour-là et pas un autre", avait affirmé au début du procès Fabienne Kabou à la présidente, Claire Le Bonnois, qui lui demandait pourquoi elle avait pris le train pour Berck.

Dès le premier jour, Fabienne Kabou, d’origine sénégalaise, avait dit à la Cour n’avoir "pas d’autre explication que la sorcellerie" à son geste criminel. D’ailleurs, elle avait dépensé 40.000 euros pour consulter "des marabouts et des guérisseurs".

"Ca arrange tout le monde que ce soient des malades qui font ça", mais l’assassinat d’Adelaïde est "un infanticide comme un autre", avait plaidé la veille Me Jean-Christophe Boyer, avocat de l’association L’enfant Bleu.

Fabienne Kabou partageait la vie de Michel Lafon, un sculpteur, père de l’enfant et âgé de 70 ans. "Ma responsabilité est totale, j’ai protégé Fabienne, mais je n’ai pas pu protéger Ada", avait-il déclaré à la barre. Son avocat, Me Christian Saint-Palais, avait exprimé une forme de mansuétude pour Fabienne Kabou, "une femme malade".

Adelaïde "ne fut pas malheureuse" et Michel Lafon veut "que nous retenions de ce procès, que pendant ces 15 mois, cette petite fille n’a pas été maltraitée, mais a été heureuse d’être aimée", avait-il affirmé.

Personnalité souvent déroutante et contradictoire, Fabienne Kabou avait glacé la salle d’audience mardi en parlant de son forfait. "Quand je rentre à Paris, j’ai l’attitude de quelqu’un qui est allé faire une course…", avait-elle déclaré.

Mais, parlant d’Adelaïde, elle s’était aussi dite "émerveillée de la voir courir, de l’entendre dire +maman+, de la voir montrer le chocolat noir parce qu’elle adore ça".

AFP

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