Fifa: la ministre américaine Loretta Lynch, qui a soulevé le lièvre en tant que procureure

Quelques semaines à peine après avoir pris ses fonctions, la nouvelle ministre américaine de la Justice Loretta Lynch frappe un grand coup contre la corruption dans le football mondial, un dossier qu’elle avait elle-même supervisé de main de fer en tant que procureure à New York.

Dès sa confirmation fin avril par le Sénat américain, la ministre avait annoncé sa détermination à poursuivre les cols blancs et autres élites, soulignant que personne n’était "au-dessus des lois".

Elle a tenu parole en annonçant mercredi l’inculpation de neuf hauts responsables de la Fifa et de cinq partenaires de l’instance mondiale du football.

"Ces inculpations témoignent d’une corruption endémique, généralisée et profondément ancrée à la fois à l’étranger et ici aux États-Unis" du football mondial, a fustigé l’ancienne procureure de 55 ans, qui combine "l’acier et le velours", selon l’expression de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.

En la nommant en novembre au poste illustre et puissant d’"Attorney General", autrefois occupé par Robert Kennedy, le président Barack Obama lui-même avait annoncé qu’elle utiliserait "son expérience de procureure dure, indépendante et respectée".

La première femme noire de l’histoire des États-Unis à diriger le ministère de la Justice –elle a succédé à Eric Holder, le premier Afro-Américain à ce poste– est surtout attendue sur la cause des droits civiques ou encore les poursuites contre Wall Street.

Aussi pouvait-elle surprendre en engageant d’emblée des poursuites judiciaires contre le football mondial au nom d’un pays où ce sport est loin derrière le basket et le football américain en termes de popularité.

Avant de venir à Washington, Loretta Lynch était depuis 2010 procureure fédérale du district Est de New York, où elle a géré de nombreuses affaires de corruption, dont l’enquête fédérale contre la Fifa.

A Brooklyn, qu’elle a retrouvé mercredi pour dévoiler un acte d’inculpation de 47 chefs d’accusation et réclamer des extraditions vers les États-Unis, Loretta Lynch avait supervisé le dossier.

Elle a accusé les personnes et entreprises concernées par ces annonces d’avoir "corrompu les affaires du football mondial, pour servir leurs intérêts et pour s’enrichir personnellement".

"Ils l’ont fait encore et encore, année après année, tournoi après tournoi", a asséné cette fille d’un pasteur baptiste.

Le foot mondial au pilori

Les faits "s’étalent sur deux générations au moins de dirigeants du football, qui sont soupçonnés d’avoir tiré profit de leur capital confiance pour encaisser des millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions", a accusé la ministre, qui endosse ainsi un rôle mondial en clouant au pilori les instances internationales du football.

Diplômée en droit de la prestigieuse université de Harvard, Loretta Lynch a promis de travailler avec "d’autres pays" pour "mettre fin à de telles pratiques de corruption, déterrer les mauvaises conduites et traduire en justice ceux qui en font usage".

Rendant hommage à ses anciens collègues du parquet de Brooklyn et à son successeur Kelly Curry, elle a remercié ses partenaires internationaux, en particulier suisses, dans l’enquête et promis un procès juste après l’extradition aux États-Unis de ces hommes qu’elle a accusé d’avoir "abusé du système financier américain et enfreint la loi américaine".

Elle avait été nommée procureure fédérale à New York par le président Bill Clinton, un poste qu’elle a occupé deux fois. Loretta Lynch, native de Caroline du Nord, avait débuté sa carrière dans un cabinet new-yorkais avant sa nomination à New York.

Entre 2002 et 2007, elle a travaillé comme conseillère spéciale du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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