Fifa/Corruption: la Fifa suspend le processus de candidature pour le Mondial 2026

Panique ? Volonté de prendre du recul ? Prise dans un maelstrom judiciaire et confrontée quasi quotidiennement à de nouvelles accusations de corruption, la Fifa a suspendu mercredi le processus d’attribution du Mondial 2026 de football.

Une semaine après la démission de son ex-inamovible président, le Suisse Joseph Blatter, contraint de lâcher la barre quatre jours à peine après sa réélection à un cinquième mandat, la Fifa voit donc maintenant sa compétition phare directement concernée.

"Il a été décidé de suspendre le processus administratif de candidature pour la Coupe du monde 2026, en raison de la situation actuelle", a annoncé la Fifa dans un communiqué, précisant que des décisions seront prises lors d’un prochain comité exécutif extraordinaire, en juillet. Le même comité exécutif qui devra fixer la date du congrès électif appelé à élire le successeur de Blatter.

"Ca ne me surprend pas, c’est normal", a aussitôt réagi Michel Platini, le président de l’UEFA, lors de la conférence de presse organisée à Paris à un an de l’Euro-2016 en France.

"Il y avait un processus pour faire le vote en 2017, mais il n’y a pas de leadership à la Fifa. Donc c’est bien", a poursuivi l’ancien meneur de jeu de la Juventus Turin, en refusant de commenter la situation actuelle à la Fifa et son éventuelle candidature au poste de patron du foot mondial: "Ce n’est ni le moment ni le lieu", a-t-il insisté.

La désignation du pays hôte du Mondial-2026 devait initialement intervenir lors d’un congrès de la Fifa en 2017, à Kuala Lumpur. Pour l’instant cette date n’est cependant pas encore remise en cause.

"Protéger’ les coupes du monde"

Avec les Mondiaux 2018 et 2022, attribués respectivement à la Russie et au Qatar, ce sont donc les trois prochaines Coupes du monde qui sont désormais impactées par la tempête judiciaire déclenchée fin mai par la justice américaine, avec l’arrestation de 14 dirigeants et partenaires de la Fifa, dans une vaste affaire de corruption remontant jusqu’aux années 1990.

Mais "Les Coupes du monde doivent être protégées, car elles sont la base de l’activité de la Fifa", a plaidé mercredi matin Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa, à Samara, en Russie: "La Russie a gagné honnêtement le droit d’accueillir le Mondial 2018 et il faudrait être fou pour dire que tout a été acheté".

"Samara et la Volga seront un magnifique endroit pour les fans de football en 2018", a insisté le Français de 54 ans, N.2 de la Fifa.

Dimanche, dans l’hebdomadaire suisse Sonntagszeitung, le président du comité d’audit de la Fifa, Domenico Scala, avait certes déclaré que "s’il existe des preuves que le Qatar et la Russie ont obtenu (la Coupe du monde) grâce seulement aux pot-de-vin, alors elle pourrait leur être retirée". Mais il avait aussitôt ajouté que "ces preuves n’ont pas été fournies" jusqu’à présent.

"’Structure quasi-dictatoriale"

Pour les pays intéressés par le Mondial 2026, dont le Maroc, les Etats-Unis, le Canada, le Mexique et tout récemment le Kazakhstan, il est donc désormais urgent d’attendre les futures décisions de la Fifa.

Une chose est cependant déjà certaine: le Mondial-2026 ne sera pas attribué par le comité exécutif de la Fifa, c’est-à-dire son gouvernement, actuellement composé de 28 membres, comme cela avait été le cas pour les Mondiaux 2018 et 2022, mais par l’ensemble des membres du congrès de la Fifa. Soit les 209 fédérations affiliées à la Fifa.

Cette réforme du mode de scrutin pour la désignation des pays hôtes des futures Coupes du monde avait notamment été demandée par le président de la Fédération américaine de football, qui en mai 2014 en avait fait une condition à une nouvelle candidature de son pays.

Côté réformes, le travail devra sans doute aller plus loin à la Fifa, aux dires en tout cas de Mark Pieth, professeur de droit à l’Université de Bâle, à qui Blatter avait confié en 2011 une réflexion sur la gouvernance de l’institution qui gouverne le football mondial: "La Fifa possède une structure quasi-dictatoriale, (…) une structure ultra-présidentielle, sans assez de contre-pouvoirs", a-t-il asséné dans un entretien avec l’AFP mercredi matin.

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