Fête nationale en Espagne, en pleine crise catalane

L’Espagne célébrait jeudi sa fête nationale, symbole de l’unité du pays menacée par la crise entre la Catalogne et Madrid qui lui a donné jusqu’au 19 octobre pour revenir sur sa déclaration d’indépendance si elle veut éviter la suspension de son autonomie.

Le roi Felipe VI a assisté jeudi, jour de la fête nationale espagnole, au traditionnel défilé militaire à Madrid, où de nombreux immeubles étaient pavoisés aux couleurs de l’Espagne.

La "Fête de l’Hispanité", qui commémore l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique en 1492, a pris cette année un tour particulier en raison de la crise catalane et les partisans de l’unité de l’Espagne ont par milliers déployé le drapeau national aux balcons et aux fenêtres de la capitale.

La volonté de l’exécutif catalan de proclamer l’indépendance de la région a provoqué la plus grave crise politique en Espagne depuis le coup d’Etat manqué de février 1981.

Au cours de l’imposant défilé militaire, près de 4.000 soldats et membres des forces de l’ordre ont défilé devant le roi. Les présidents des régions autonomes sont traditionnellement invités à cette cérémonie mais, sans surprise, le chef de l’exécutif de la Catalogne, Carles Puigdemont, était absent.

A Barcelone, les partisans de l’unité espagnole, se présentant comme la "majorité silencieuse", devaient se rassembler Plaza Catalonia, dans le centre de la ville. Dimanche dernier, des centaines de milliers de personnes opposées à l’indépendance avaient manifesté dans la ville.

A Madrid, où de nombreux drapeaux espagnols ornent les balcons, les forces armées doivent descendre le boulevard du Paseo de la Castellana situé en plein centre-ville.

A l’occasion de la fête nationale, le ministère de la Défense a publié une vidéo montrant notamment des avions de combat en action avec le haschtag #OrgullososdeserEspanoles, signifiant: fiers d’être Espagnols.

Mais l’humeur n’est pas franchement à la fête en Espagne, confrontée à sa plus grave crise politique depuis le retour de la démocratie en 1977, il y a quarante ans, avec la volonté des indépendantistes au pouvoir en Catalogne de forcer le divorce.

Mercredi, Madrid a enclenché le compte à rebours en donnant au président séparatiste catalan Carles Puigdemont jusqu’à lundi 10H00 (08H00 GMT) pour "clarifier" sa position sur l’indépendance.

Si le leader catalan persiste, ou ne répond pas, le gouvernement lui accordera un délai supplémentaire jusqu’au jeudi 19 octobre à 10H00 pour faire machine arrière, avant de prendre le contrôle de la Catalogne comme le lui permet l’article 155 de la Constitution.

M. Puigdemont a déclaré mardi soir devant le Parlement régional avoir reçu un "mandat des citoyens de Catalogne" pour déclarer unilatéralement l’indépendance de cette région de 7,5 millions d’habitants pesant 19% du PIB de l’Espagne.

Le leader séparatiste, qui a ensuite signé le texte sans qu’il ait été soumis au vote, a suspendu la déclaration pour laisser une chance au dialogue.

Sans surprise, Mariano Rajoy a rejeté la demande de dialogue de Carles Puigdemont. "Il n’y a pas de médiation possible entre la loi démocratique et la désobéissance, l’illégalité", a répondu M. Rajoy, qualifiant la séquence au Parlement catalan de "lamentable".

Déjà secouée par le Brexit, l’Union européenne, suit la crise avec inquiétude et affiche sa solidarité avec Madrid.

Le gouvernement espagnol a également reçu le soutien du Parti socialiste, principal parti d’opposition, avant d’enclencher l’article 155 de la Constitution.

Les deux partis ont par ailleurs trouvé un accord pour étudier dans les mois à venir une réforme de la Constitution afin de tenter de résoudre la crise.

"L’article 155 est une disposition qui est assez large, on peut la moduler et c’est certainement ce que le gouvernement va faire dans une action qui est toujours guidée par la prudence et la proportionnalité", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Alfonso Dastis jeudi sur la chaîne française CNews, ajoutant: "nous espérons qu’il n’y aura pas besoin d’utiliser la force".

Une arrestation de Carles Puigdemont et de son entourage dans le cadre d’une enquête judiciaire déjà ouverte pour sédition n’est pas exclue non plus, même si M. Dastis a dit espérer "ne pas arriver à cela".

Madrid a déjà pris en septembre une mesure exceptionnelle en mettant sous tutelle les finances de la Catalogne, alors que de nombreuses entreprises, inquiètes de l’insécurité juridique, ont déménagé les sièges sociaux de leurs sociétés hors de la région.

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