Festival africain de Khouribga: Le film algérien  » Road to Istanbul  » plonge le public dans la férocité de l’endoctrinement « islamiste » d’une jeune fille

Le film algérien « Road to Istanbul « , projeté, mardi soir, dans le cadre de la compétition officielle de la 19ème édition du Festival du cinéma africain de Khouribga (FCAK) (16-23 juillet), plonge le public dans la férocité de l’endoctrinement islamiste d’une jeune fille et le calvaire de sa mère dont la vie bascule après le départ de sa fille au jihad en Syrie.

Le long métrage du réalisateur algérien Rachid Bouchareb raconte l’histoire d’une infirmière, Élisabeth, et de sa fille Élodie, âgée de 19 ans, qui vivent seules dans leur maison au bord d’un lac reculé en Belgique. Toutes deux semblent évoluer dans une apparente quiétude. Quand sa fille ne rentre pas d’un week-end qu’elle aurait dû passer en compagnie de sa meilleure amie à réviser ses examens, Élisabeth ne pense à rien de grave. Elle s’inquiète davantage quand elle apprend qu’Élodie serait partie à Chypre avec son ami Kader Slimani. L’hypothèse des vacances inopinées est vite écartée quand la police informe Élisabeth que sa fille se serait convertie à l’islam et qu’elle aurait suivi son amant pour aller combattre avec lui en Syrie. Complètement désemparée, Élisabeth ne peut pas se résoudre à l’inéluctable et part par ses propres moyens en Turquie pour retrouver sa fille.

Le spectateur est perplexe face à cette jeune fille qui envoie des messages à connotation religieuse sur Facebook. Elle est calme, rangée mais semble déterminée à rompre définitivement avec son entourage. La mère, absorbée par son travail, n’est pas forcément attentive au comportement de sa fille. C’est à petites doses qu’elle découvre son chemin vers le radicalisme religieux, et le spectateur avec elle.

Le film de 109 min repose tout entier sur les belles et solides épaules d’Astrid Whettnall (Élisabeth), qui parvient, sans hystérie ni effets de manche, à rendre palpables l’immense détresse de son personnage et le décentrement peut-être salutaire auquel la contraint le choix radical de sa fille. En contrepoint fragile et déterminé, Pauline Burlet (Élodie) incarne le douloureux mystère que représente, pour un parent, le fait de voir son enfant rompre si brutalement tout lien avec lui.

Après avoir débuté sa carrière à la télévision française, Bouchareb a réalisé son 1er long métrage " Baton rouge" en 1985. Il est connu pour ses films engagés abordant les thèmes de la mémoire et l’histoire, la recherche de l’identité, la modernité et la tradition.

Au total, quinze films seront en lice à la compétition officielle de la 19-ème édition du Festival du cinéma africain à Khouribga qui prend fin le 23 juillet courant.

Le jury de la compétition officielle, présidée par le sociologue et philosophe français Edgar Morin aux côtés de cinéastes et journalistes africains, départagera les films en lice représentant 12 pays, en l’occurrence la Tunisie, l’Ethiopie, l’Algérie, la Guinée, le Rwanda, l’Egypte, le Burkina Faso, le Mali, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Maroc.

Parmi les films en compétition figurent notamment "La route d’Istanbul" du réalisateur et producteur franco-algérien Rachid Bouchareb,  »Dicta Shot » (Ksar el Dahcha) du Tunisien Mokhtar Ladjimi,  »La lune est tombée » du Guinéen Gahité Fofana, "Avant la cohue de l’été" (Before the Summer Crowds) de l’Egyptien Mohamed Khan, "Fille de sa mère" co-réalisé par les Burkinabés Carine Bado et Armel Sawadogo, "Starve your dog » (Affame ton chien), "A mile in my shoes" et "Fidaa" respectivement des réalisateurs marocains Hicham Lasri, Said Khallaf et Driss Chouika, et  »Le retour du Roi » de Roger Nahum (Bénin-Maroc).


Par Hajar Erraji (MAP)

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