Essaouira : une programmation exceptionnelle pour la 18è édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde

Temple du métissage artistique et de la culture gnaouie, le festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira, entame sa 18ème édition du 14 au 17 mai 2015. Cette année, ce festival, des plus populaires au Maroc, inaugure une nouvelle ère après avoir passé 17 ans à fêter le patrimoine marocain et africain. L’édition 2015 fait une part belle aux musiques du monde. Elles viennent à la rencontre des gnaoua, du public, dans un esprit de partage et de dialogue.

Par Fouzia Benyoub (Envoyée spéciale)

Essaouira, ville connue pour sa diversité culturelle et religieuse s’apprête à recevoir des centaines de milliers de festivaliers. A la fois cité si timide, mais tolérante, essaye au fil du temps et avec pudeur de s’adapter à son statut de ville internationale. Dans cette ambiance sont organisés différents festivals de musique à Essaouira, avec un écho considérable à travers le monde. Chacun de ces festivals fait la promotion d’un genre musical, tel le festival des Andalousies et le Printemps musical des Alizés.

Le festival le plus populaire à Essaouira et au Maroc reste toutefois celui des Gnaoua et musiques du Monde. Il bénéficie d’un grand écho international et il est vu comme l’un des meilleurs festivals du monde par la presse internationale. Le nombre des participants augmente chaque édition : lors de la première édition en 1998, ont été recensés environ 20 000 estivants.

Aujourd’hui, sa renommée lui permet d’attirer près de 450 000 personnes. Naila Tazi-Abdi, productrice et directrice du Festival, aime à rappeler « qu’en 1998, le Festival Gnaoua Musiques du Monde commençait modestement avec pour maîtres mots : liberté, convivialité, universalité, fraternité. En 2014, nous étions fiers de partager l’édition de l’anthologie de la musique des Gnaoua.».

En 2012, Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, adressait un message en ouverture du 1er Forum citoyen du festival, organisé en partenariat avec le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH). Son message : « La musique est une langue universelle. Elle est un vecteur de dialogue et de rapprochement au-delà des frontières. Tous les artisans de paix chérissent le pouvoir de la musique et veulent soutenir les artistes qui la font vivre. Le festival Gnaoua et Musiques du monde d’Essaouira s’est imposé comme un événement majeur de la scène culturelle internationale pour sa contribution à la diffusion de toutes les musiques et celles du Maroc en particulier ».

Cette année, au mois de mars, le Maroc a déposé une demande officielle auprès de l’UNESCO pour l’inscription de la culture Gnaoua au patrimoine oral mondial et immatériel de l’humanité. Une démarche qui devrait aboutir dans deux ans. D’ici là, le festival aura à fêter ses 20 ans, un bel âge de maturité. « Nous espérons vivement que cet anniversaire exceptionnel sera l’occasion de célébrer, ensemble, cette belle consécration. La consécration de vingt années de travail et d’engagement. Une reconnaissance universelle pour les Gnaoua, considérés il y a encore un quart de siècle comme des musiciens de rue. Cette inscription sera enfin une victoire pour le Maroc et pour le monde des arts en général » souhaite vivement Naila Tazi –Abdi.

La programmation de cette 18e édition propose un voyage sensoriel et émotionnel unique à travers les quatre continents. Cela commence dès le concert d’ouverture avec une fusion entre Maâlem Hamid El Kasri et l’artiste afghan Humayun Khan, avec la présence d’une femme dervich tourneur sur scène! L’afro-beat est également présent avec une fusion entre Tony Allen du Nigéria et Maâlem Mohamed Kouyou. Comme chaque année, la fusion Gnaoua-Jazz fera danser les mélomanes avec, entre autres, la présence du saxophoniste américain Kenny Garrett. Le voyage des sens se poursuit en Guadeloupe avec le spécialiste de la fusion Reggae Maâlem Omar Hayat et l’héritier de la culture Gwo Ka Sonny Troupé et au Danemark avec le groupe Mikkel Nords-Band, auteur il y a 20 ans d’un album « Aicha » avec Maâlem Mustapha Baqbou.

Autre retrouvailles très attendues, celle du groupe « Les ambassadeurs » composé d’artistes précurseurs de la musique moderne malienne moderne comme Selif Keita, Cheick Tidiane Seck et Amadou Bagayoko, précise un communiqué du Festival.

La 18ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira sera également l’occasion de découvrir les nouveautés d’artistes marocains d’envergure internationale. Hindi Zahra sera ainsi à Essaouira pour présenter son nouvel album «Homeland», ainsi qu’Aziz Sahmaoui, ancien de l’orchestre national de Barbès et auteur de l’album « Mazal », encensé par la critique internationale. Les concerts intimistes au Bastion seront, entre autres, animés par le groupe pakistanais Marifat. La scène artistique urbaine marocaine sera également à l’honneur à travers la présence du groupe Darga, de Barry, de Mehdi Nassouli ainsi que les collectifs Diapa Zone et Timbuktu, rassemblant des artistes du Maroc, du Sénégal et du Mali.

« Le Festival, ce n’est pas que la musique, c’est aussi le Forum qui en est à sa quatrième édition grâce au soutien et l’implication du Conseil national des droits de l’Homme », précise les organisateurs. Pour la deuxième année de suite, le Forum est consacré à « L’Afrique à venir », mais cette fois du point de vue des femmes. Economie, culture, société, politique …tous les aspects de la participation féminine dans la vie publique en Afrique seront abordés à cette occasion sous le thème « Femmes d’Afrique : créer, entreprendre ».

Les nouveautés de cette 18ème édition ne s’arrêtent pas là. A la demande de la municipalité d’Essaouira et en partenariat avec la Fondation Hiba, le centre culturel L’Uzine de la Fondation Abdelaziz et Touria Tazi et le Boultek, le Festival met en place un programme de formation, d’accompagnement et d’encadrement des jeunes artistes et musiciens souiris. « Essaouira, comme d’autres villes marocaines, regorge de talents. Notre ambition est de les accompagner et les former aux métiers de la scène et au management artistique en collaboration avec des professionnels du domaine. Une première réunion de travail est déjà prévue début mai. Elle devra déboucher sur un plan d’action pour la période 2015-2016 avec des formations, des séminaires et des résidences artistiques», explique Fouzia Saoudi, directrice de production du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira et secrétaire générale de l’association Yerma Gnaoua.

Site web : http://www.festival-gnaoua.net

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