Espagne: traque pour retrouver l’un des derniers membres de la cellule jihadiste

La police espagnole poursuivait samedi la traque d’un des derniers membres encore en fuite de la cellule qui a commis les attentats de Barcelone et Cambrils, jusqu’en France où elle a signalé une voiture aux autorités françaises.

Recherché par toutes les polices du pays: Younès Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans dont la photo a été diffusée après le double attentat en Catalogne qui a fait 14 morts et plus de 120 blessés.

Il pourrait s’agir, selon les médias espagnols, du conducteur de la camionnette qui a fauché jeudi des passants sur las Ramblas, un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique. Une information que la police se refuse à confirmer, répétant que le conducteur de la camionnette n’a toujours pas été identifié.

Quelques heures après la première attaque en plein coeur de Barcelone jeudi après-midi, une Audi A3 avait foncé sur la promenade du front de mer de Cambrils, une station balnéaire au sud de la capitale catalane, avant de percuter une voiture de police.

Une fusillade éclate. Les cinq occupants de l’Audi, qui étaient munis de fausses ceintures explosives, d’une hache et de couteaux, sont abattus, dont quatre par un seul et même agent de police.

Clés de l’enquête : trois fourgonnettes louées par les assaillants qui ont permis d’identifier assez rapidement la douzaine de membres de la cellule jihadiste, dont quatre ont été arrêtés jeudi et vendredi et sont toujours en garde à vue.

Une autre voiture est recherchée. La police espagnole a transmis vendredi aux autorités françaises le signalement d’une Kangoo blanche qui pourrait avoir passé la frontière franco-espagnole, d’après une source policière française.

Trois autres personnes également impliquées sont identifiées, mais n’ont pas été arrêtées. Deux d’entre elles pourraient avoir péri dans l’explosion d’une maison à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, dans une planque remplie de bonbonnes de gaz, où le groupe tentait de confectionner des engins explosifs.

Après avoir perdu son arsenal dans la déflagration, le groupe a dû se réorganiser, selon la police, et a agi de manière précipitée pour mener des attaques d’une moindre envergure et moins meurtrières que prévu.

A Ripoll, l’onde de choc

La plupart des membres de la cellule avaient des liens avec une seule petite ville de 10.000 habitants au pied des Pyrénées, Ripoll.

C’est là que la maison d’un imam a été perquisitionnée samedi matin, selon Nourddem, son colocataire qui a assisté à l’opération policière. D’après El Pais qui cite des sources policières, l’imam pourrait avoir été tué dans l’explosion d’Alcanar. "La dernière fois que je l’ai vu c’était mardi et il m’a dit qu’il allait voir sa femme au Maroc", a déclaré Nourddem à l’AFP.

C’est aussi à Ripoll que trois suspects ont été arrêtés et qu’habitaient trois des morts identifiés vendredi, Moussa Oukabir, 17 ans, Saïd Aallaa 18 ans, et Mohamed Hychami 24 ans, tous trois Marocains.

L’annonce de l’implication présumée de Moussa Oukabir et de son frère Driss (27 ans, arrêté jeudi) dans les attentats a suscité une onde de choc chez leurs proches. "Ils ne montraient aucun signe de radicalisation. Ils vivaient comme les jeunes de leur âge, s’habillaient comme eux", a juré les larmes aux yeux leur père Saïd à Melouiya, une bourgade sans histoire du Moyen Atlas au Maroc.

Venu se recueillir sur l’avenue de las Ramblas, le ministre allemand des Affaires étrangères a rappelé que la vague d’attentats a touché de nombreux pays européens: la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Allemagne et désormais l’Espagne, jusqu’ici épargnée.

"L’Allemagne est aussi considérée comme un pays sûr et pourtant nous avons eu un terrible attentat sur le marché de Noël l’an dernier (…) La police espagnole a, je crois, même évité quelque chose d’encore pire", a déclaré Sigmar Gabriel en déposant une gerbe de fleurs.

Au moins treize Allemands ont été blessés à Barcelone.

Une "commission d’évaluation de la menace" présidée par le ministre de l’Intérieur et composée de hauts responsables de la police et des services de renseignement doit décider samedi si elle élève le niveau d’alerte antiterroriste, pour passer du niveau 4 – atteint depuis l’attentat de Sousse en Tunisie en juin 2015 – à son niveau maximum, synonyme de risque d’attentat imminent et qui implique une présence renforcée de l’armée dans les rues.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia doivent rendre visite samedi aux blessés des attentats, dont 12 sont entre la vie et la mort, dans les deux hôpitaux de Barcelone. Au moins 35 nationalités figurent parmi les victimes.

Sur les Ramblas endeuillées, la vie a repris doucement. Au milieu des fleurs et des nounours déposés parmi d’innombrables bougies, une pancarte résume: "Les Ramblas pleurent mais sont vivantes".

AFP

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