En Tunisie, le scrutin reporté au 16 octobre

Révolution . L’élection de l’Assemblée constituante tunisienne ne pourra se tenir le 24 juillet.

C’est un secret de Polichinelle, mais tout le problème consistait à savoir comment le rendre public, sans inquiéter l’opinion publique tunisienne. C’est désormais chose faite : le président de la Haute Instance indépendante, chargée de superviser l’élection de l’Assemblée constituante prévue le 24 juillet, a proposé hier de reporter le scrutin au 16 octobre. Ces élections seront les premières réellement libres dans l’histoire de la Tunisie : elles doivent désigner l’assemblée chargée de rédiger la loi fondamentale de la future IIe République. Des enjeux aussi importants ne pouvaient s’accommoder d’une consultation organisée à la va-vite et dont les résultats pourraient être facilement contestés.

Les experts électoraux qui se succèdent en Tunisie le répètent à l’envi : il faut un minimum de vingt-deux semaines entre l’adoption d’une nouvelle loi électorale et un scrutin pour qu’il se déroule dans de bonnes conditions. Or, la loi électorale n’a été adoptée par le gouvernement que le 10 mai. Il ne restait donc que dix semaines pour réviser les listes électorales. C’est nettement insuffisant. Une solution consistait à faire voter les Tunisiens avec leur simple carte d’identité, dans la circonscription de leur domicile, sans avoir à s’enregistrer. Mais 2 millions d’entre eux ne disposeraient pas de ce document et 300 000 autres auraient des papiers périmés.

Le report des élections n’est pas seulement un problème technique, mais politique. Partisans et opposants du report se divisent en deux camps tranchés. Les islamistes d’Ennahda, mais ils ne sont pas les seuls, sont les plus pressés d’aller aux urnes : mieux organisés, ils ont démarré la campagne plus tôt et sont au plus haut dans les sondages, qui leur prédisent entre 30 et 40% des voix. Ennahda profite notamment du désarroi d’un grand nombre de Tunisiens dépolitisés et laissés orphelins par la disparition de l’ancien parti quasi unique au pouvoir sous Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique, dissous et interdit depuis la révolution de janvier. En face, la gauche, dont le Parti du travail, proche de la centrale syndicale UGTT, et né il y a une semaine, demande du temps pour faire connaître ses idées, mener campagne, voire constituer une coalition anti-islamiste. Le gouvernement de transition doit publier demain le décret convoquant les électeurs.

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