En Espagne, veillée d’armes chez les socialistes avant une réunion déterminante

Les socialistes espagnols, en pleine crise interne, se préparaient vendredi à une réunion décisive du « parlement » de leur parti, samedi à Madrid, où ils pourraient décider de lever leur veto à un nouveau gouvernement du conservateur Mariano Rajoy.

Une telle décision permettrait de mettre fin à neuf mois de paralysie politique du pays, sans nouveau gouvernement depuis la fin décembre 2015.

Le sort de leur chef Pedro Sanchez devrait aussi en dépendre, trois jours après la démission en bloc d’une partie de son équipe pour forcer son départ après une année d’échecs électoraux.

Resté silencieux depuis cette tentative de coup de force, M. Sanchez a déclaré vendredi soir que la réunion du comité fédéral, sorte de parlement du parti comptant quelque 300 membres, serait "décisive" et laissé entendre que si sa position n’était pas soutenue, il quitterait la direction du PSOE.

Pedro Sanchez souhaite maintenir son "non" à Rajoy, en estimant que s’abstenir pour lui permettre de gouverner serait "une erreur pour des millions d’électeurs progressistes".

"L’Espagne ne mérite pas quatre ans de plus d’un président du gouvernement qui a systématiquement menti à la société espagnole", a-t-il ajouté en évoquant les affaires de corruption, les coupes claires, la misère et les inégalités ayant selon lui marqué son mandat.

Le Parti populaire au pouvoir (droite) a remporté les législatives de décembre 2015, avec une courte avance, puis de nouvelles élections organisées en juin faute de nouveau gouvernement, obtenant 137 élus sur 350.

Mais seuls les centristes de Ciudadanos ont accepté de le soutenir.

Le PSOE peut avec ses 85 élus débloquer la situation en laissant ses députés s’abstenir pour que M. Rajoy puisse reformer un gouvernement, minoritaire.

Une décision douloureuse pour le plus ancien des partis espagnols, qui serait immédiatement accusé par une partie de ses militants d’avoir trahi ses valeurs socialistes, au risque de perdre encore plus de soutien au sein de la base au profit de Podemos (gauche radicale) qui rêve de le détronner.

M. Sanchez et ses partisans préférent tenter un gouvernement soutenu par Podemos, mais qui aurait aussi besoin de voix indépendantistes en Catalogne et au Pays Basque.

D’autres au sein du parti jugent cette option inimaginable, allant contre l’unité de l’Espagne. Ils craignaient aussi qu’un blocage entraine de nouvelles élections, les troisièmes en un an et que le PSOE perde encore des voix après une série de défaites historiques.

Et si aucun nouveau gouvernement n’est investi avant le 31 octobre, elles seront inéluctables.

Pedro Sanchez, 44 ans, a répondu en faisant appel aux militants, qui l’ont élu lors des premières primaires jamais organisées par le PSOE en 2014.

Son plan est d’organiser le 23 octobre des primaires où il demanderait aux 180.000 militants de lui renouveler leur confiance et de rester dans cette opposition à la droite.

Le projet n’est pas sans rappeler la stratégie du leader travailliste Jeremy Corbyn, qui vient d’être adoubé par les militants après une guerre avec l’appareil dirigeant de son parti.

Mais les "barons" du parti estiment qu’il le mène à sa perte, dans le seul but de rester aux commandes.

"Nous ne déciderons pas seulement si le parti doit être dirigé par une direction intérimaire", ou par Pedro Sanchez, a-t-il répliqué vendredi soir: "Nous décidons quel va être le cap du PSOE".

"Si le Comité fédéral du parti décidait demain de changer sa position et de choisir l’abstention (à M. Rajoy), il est évident que je ne pourrai pas mettre en oeuvre une décision que je ne partage pas", a-t-il ajouté, suggérant qu’il démissionnerait.

La réunion de samedi s’annonçait tendue, des militants favorables au secrétaire général ayant décidé de se rassembler devant le siège du parti pour manifester leur mécontentement.

"Un appel au calme est lancé à tous les militants pour éviter toute concentration devant le siège", a presque imploré un communiqué du parti.

Avec AFP

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