Emmanuel Macron attendu en Guyane

Le chef de l’État français, qui va passer environ 48 heures sur place, veut y réaffirmer qu’il tiendra ses engagements six mois après un mouvement de grève générale.

Emmanuel Macron est en déplacement en Guyane et le collectif Pou Lagwiyann Dekole (Pour que la Guyane décolle) entend bien se faire entendre pour réclamer au président le respect des accords signés après le mouvement social qui a paralysé le territoire en mars-avril. Le chef de l’État, qui passera environ 48 heures sur place, vient dire "qu’il tiendra ses engagements", a assuré l’Élysée, avec un objectif : "prendre les problèmes à la racine". Mais dès mercredi soir, pas loin de 300 personnes se sont rassemblées à Cayenne pour exiger le respect de l’accord et le collectif a appelé la population à se mobiliser jeudi lors d’une marche dans le chef-lieu de la Guyane. "Le social se meurt, la délinquance demeure", pouvait-on lire sur une banderole. Le mouvement de cinq semaines de contestation s’était conclu le 21 avril par l’Accord de Guyane, par lequel l’ancien gouvernement a acté un plan d’urgence de 1,08 milliard d’euros, signé des accords sectoriels et "pris acte" d’une demande de 2,1 milliards d’euros de mesures supplémentaires.

Mais "pour l’instant la situation n’a pas bougé", objecte Davy Rimane, l’un des représentants du collectif qui exige l’application de l’accord. Attendu à Cayenne en fin de matinée (17 heures à Paris), Emmanuel Macron tentera de répondre aux attentes des Guyanais, notamment en matière de sécurité et d’éducation. Il donnera une conférence de presse vendredi à 8 heures à la préfecture de Cayenne. Situation tendue donc, pour ce premier voyage outre-mer depuis son élection, si l’on excepte le déplacement en urgence aux Antilles après l’ouragan Irma. Il souhaitait venir "très vite" en outre-mer, explique l’Élysée, alors que ses deux prédécesseurs avaient davantage attendu pour leur premier voyage ultramarin, eux aussi en Guyane.

Pression migratoire et centre spatial

Le chef de l’État est notamment accompagné du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de plusieurs ministres, Gérard Darmanin (Comptes publics), Annick Girardin (Outre-mer), Jean-Michel Blanquer (Éducation). À 7 000 kilomètres de Paris, le territoire, grand comme le Portugal (83 000 km2) pour environ 254 000 habitants, cumule difficultés et retards : immigration clandestine massive venant du Brésil, du Surinam ou d’Haïti, insécurité croissante, communes enclavées, services de santé défaillants, système scolaire inadapté, taux de chômage très élevé (23 %). Aussitôt après son arrivée, Emmanuel Macron doit se rendre à Maripasoula (sud-ouest à la frontière fluviale du Surinam), la plus vaste commune française, soumise à une très forte pression migratoire. L’intérieur du territoire est également le théâtre de l’orpaillage clandestin, qui accroît l’insécurité et provoque des problèmes de pollution des cours d’eau. Selon le gouvernement, la présence de Gérard Darmanin s’explique notamment parce qu’il a "la responsabilité des douanes". De retour à Cayenne vers 18 h 30, Emmanuel Macron participera à un dîner républicain que les maires de Guyane ont décidé de boycotter pour dénoncer "l’absence d’un temps de rencontre" avec le chef de l’État.

Changement de décor vendredi. Emmanuel Macron se rendra au centre spatial de Kourou où lui seront présentées les activités autour du lanceur de la fusée Ariane. Kourou, vitrine de l’économie guyanaise, mais aussi symbole pour la population d’inégalités sociales alors que d’autres communes n’ont ni électricité ni eau courante. Emmanuel Macron déjeunera ensuite avec les présidents des régions ultrapériphériques (RUP, les neuf territoires ultramarins de l’Union européenne). Samedi matin, il doit enfin s’exprimer à l’occasion des Assises de l’outre-mer. Emmanuel Macron s’est déjà rendu en Guyane durant la campagne électorale. Davy Rimane, membre du collectif, a rappelé mercredi que le candidat Macron avait alors déclaré : "Je respecterai les accords de Guyane et j’irai même plus loin." (afp)

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