Elisabeth Guigou : « Le Maroc souffre du syndrome du bon élève »

La présidente de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Mme Elisabeth Guigou, a estimé que « le Maroc souffre du syndrome du bon élève », soulignant que comme « le Maroc est assez en pointe dans la région pour les réformes. On a tendance à toujours lui demander davantage. »

Propos recueillis par Hasna Daoudi

"Plutôt que de dire que ce n’est pas suffisant et manifester une certaine condescendance et même de l’arrogance à l’égard du Maroc, nous avons intérêt à apporter notre soutien aux réformes résolument engagées par le royaume", a dit Mme Guigou dans un entretien à Atlasinfo , au lendemain de l’adoption par les députés français du protocole additionnel à la convention d’entraide judiciaire entre la France et le Maroc du 18 avril 2008.

"Ceux qui seraient tentés de donner des leçons au Maroc feraient mieux de balayer devant leurs portes parce que pendant longtemps notre système judiciaire n’était pas exemplaire ", a assuré l’ex-ministre de la Justice, indiquant que "le conseil de l’Europe continue à nous dire que nos magistrats du parquet ne sont pas indépendants. Ils n’ont pas les garanties statutaires qu’il faudrait que la réforme complète du Conseil supérieur de la magistrature leur donne."

Pour Mme Guigou, "A tous les égards, ce texte est le bienvenu. Il permet de sortir d’une situation de blocage qui était extrêmement préjudiciable pour nos relations. C’est aussi un acte de confiance dans le système judiciaire marocain, dont la réforme en cours doit être soutenue."

Elle a également rappelé le Maroc est fortement impliqué dans les mécanismes des Nations unies en faveur de la protection des droits humains et qu’il a ratifié le protocole facultatif à la Convention internationale contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Mme Guigou a par ailleurs tenu à réaffirmer que le texte du protocole additionnel ne remet pas en cause le principe de la compétence quasi-universelle. "Il s’agit d’une simple délégation de poursuites et non pas d’un transfert de compétences de l’autorité judiciaire. Il n’y a aucun dessaisissement, aucun mécanisme de subsidiarité, ni clause de compétence", a-t-elle relevé. "Tout est réciproque", a-t-elle encore précisé.

"J’ai reçu les partisans comme les opposants à ce protocole. Aucun n’a remis en cause l’utilité et l’urgence de reprendre notre coopération judiciaire qui est vitale à nos deux pays. Chacun savait que l’interruption de cette coopération a été très préjudiciable, que ce soit en matière pénale – lutte contre les trafics de stupéfiants, le terrorisme ou la criminalité internationale, ou en matière civilea fait valoir Mme Guigou, qui était la rapporteure du projet de loi sur l’approbation de ce protocole additionnel, avant d’ajouter : "nous avons un bon texte qui permet à la France et au Maroc de respecter leurs engagements internes et internationaux."

"Notre relation d’exception a connu de regrettables difficultés", a également déploré Mme Guigou, estimant que l’amitié entre la France et le Maroc, qui est "ancienne, historique, forte et exceptionnelle", ‘n’est pas acquise". "Une amitié, cela s’entretient. Elle a besoin de preuves", a-t-elle dit, notant que "même si la France reste un partenaire central pour le Maroc, il n’est pas exclusif. La France doit désormais composer avec les autres pays de l’Union européenne, des Etats-Unis et de l’Afrique, où l’influence du royaume est grandissante."

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