Elections du Conseil français du culte musulman: le RMF rafle la mise mais abandonne la présidence à la GMP

Elections du Conseil français du culte musulman: le RMF rafle la mise mais abandonne la présidence à la GMP
Les élections pour le renouvellement des instances nationale et régionale du CFCM (Conseil français du culte musulman) ont été largement remportées samedi par la Fédération du Rassemblement des musulmans de France (RMF, dominée par les Marocains). Malgré ses 25 sièges contre 8 pour la Grande mosquée de Paris (GMP), proche de l’Algérie, le RMF doit abandonner la présidence de cette instance représentative du culte musulman à la GMP.

Le Conseil d’administration restera donc dominé par le RMF avec 25 sièges mais se contentera de la vice-présidence. La GMP n’en a que 8 avec un bonus, la présidence du CFCM, le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF, proche de l’AKP) 7, Milli Gorus (1), l’Unon des organisations islamiques de France (UOIF-proche des Frères musulmans) 2 et les Divers 2.

Troisième grande fédération aux côtés du RMF et la GMP, l’UOIF a appelé à boycotter la consultation pour désaccord avec la GMP sur deux régions que cette dernière a refusé de lui céder. Son appel a été suivi dans 22 régions sur un total de 25.

Les élections ont mobilisé 3.460 délégués, soit 77% des inscrits, désignés par 901 mosquées. Au nom d’un projet de réforme du CFCM, adopté en février dernier, le recteur de la GMP, l’indéboulonnable Dalil Boubakeur, présidera de nouveau le CFCM après la réunion le 23 juin de son Conseil d’administration, composé des 44 élus et d’autant d’administrateurs cooptés.

Un mandat de six ans sera donné à une direction collégiale (un président et au moins deux vice-présidents), issus de chacune des grandes fédérations. Le CA élira trois personnes qui présideront le CFCM pendant deux ans en alternance.

Le CFCM avait été créé en 2003 sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, pour doter les musulmans de France d’une instance représentative.

Appel à des états généraux de l’islam

Quatre grandes mosquées, Lyon, Saint-Etienne, Picardie, Evry, ont appelé au boycott de ces élections et contestent fermement la réforme du CFCM qui les condamne à ne jamais pouvoir faire partie des instances dirigeantes car elles ne pèseraient pas assez lourd en nombre d’adhérents..D’autres voix ont également rejoint ces contestataires. Des CRCM (Conseils régionaux du CFCM) estiment que "La réforme a cadenassé le CFCM, a méprisé les CRCM et n’a pas pris en considération l’évolution considérable du tissu social musulman français".

Les trois recteurs des Grandes mosquées de Saint-Etienne, de Lyon et d’Evry ont demandé la tenue des états généraux de l’Islam de France qui doivent se dérouler, selon eux, "dans un esprit de fraternité, de respect et d’attachement aux valeurs de la République".

"Nous appelons de nos vœux la construction d’un islam de paix, d’ouverture et de tolérance et nous invitons tous ceux qui se reconnaissent dans ce message à se joindre à nous pour construire ensemble un islam dépourvue d’ antagonismes et ouvert sur l’avenir sur des bases de transparence, de démocratie, d’indépendance et d’ouverture,ce sont là les principes fondamentaux qui doivent guider l’organisation du culte musulmans de France", selon un communiqué commun des trois Grandes mosquées.

Pour Khalil Merroun, recteur de la Grande mosquée d’Evry, "Cette élection a sacrifié le principe de démocratie. Tout est joué d’avance. A quoi ont servi ces élections ? A légitimer le retour du recteur Dalil Boubakeur qui a déjà présidé deux mandats durant le CFCM ?".

"La situation que vit aujourd’hui le CFCM est une situation dangereuse qui loin de rassembler la communauté musulmane la divise encore plus", a-t-il déploré, ajoutant que "La véritable réforme appelle à contribution toutes les forces vives de l’Islam de France".

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