Egypte: le satiriste Bassem Youssef condamné à payer 11 M EUR à une chaîne privée

Le célèbre animateur égyptien Bassem Youssef et sa société de production ont été condamnés à payer 11 millions d’euros à une chaîne privée égyptienne à cause d’une querelle sur l’émission de satire politique qu’il animait, ont indiqué mardi des responsables.

En novembre 2013, la chaîne privée égyptienne CBC avait suspendu l’émission satirique de M. Youssef au motif qu’elle avait "contrevenu à (sa) politique éditoriale" en se moquant du culte de la personnalité autour d’Abdel Fattah al-Sissi, alors chef de l’armée et désormais président de l’Egypte.

M. Youssef avait mis fin à son contrat avec CBC après que cette dernière eut refusé de reprendre la diffusion d’Al-Bernameg ("Le Programme"), a indiqué à l’AFP une source proche de cette émission.

En février, l’humoriste avait repris l’émission sur la chaîne privée MBC Masr, basée à Dubaï.

Suspendue en mai pour "ne pas influencer" l’élection présidentielle égyptienne, que M. Sissi a remportée de façon écrasante, l’émission avait finalement été abandonnée un mois plus tard par M. Youssef.

Un organisme d’arbitrage du Caire a condamné en novembre M. Youssef et son entreprise Q-Soft à payer chacun 50 millions de livres égyptiennes (5,5 M EUR) à CBC pour "préjudice financier et intellectuel", a indiqué à l’AFP mardi le propriétaire de CBC, Mohamed al-Amine.

Dans ses attendus, l’instance a indiqué que l’émission cherchait à "calomnier la direction politique du pays".

M. Youssef a dit pour sa part sur Twitter avoir été "emmené de force dans ce conflit d’arbitrage commercial, dont (il) ne fait pas partie".

Bassem Youssef, chirurgien de formation devenu célèbre grâce à ses critiques acerbes de la classe politique depuis la révolte de 2011, prévoit de faire appel, a indiqué la source proche d’Al-Bernameg.

Il était déjà la bête noire des Frères musulmans pour ses critiques au vitriol du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par M. Sissi en juillet 2013. Poursuivi en justice sous Morsi, il a aussi été l’objet de plusieurs plaintes pour outrage à l’armée.

La suspension d’Al-Bernameg a suscité l’inquiétude concernant la liberté d’expression en Egypte, où les autorités répriment à la fois les partisans de M. Morsi et des militants laïques à l’origine de la révolte de 2011 ayant renversé Hosni Moubarak.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite