Effervescence électorale à deux jours des législatives marocaines

Onze jours exactement après son lancement, la campagne électorale pour les législatives au Maroc est au plus fort. Les candidats de différentes formations politiques rivalisent d’originalité pour convaincre les électeurs de la justesse de leurs programmes et projets de société respectifs. Une chose est sûre, la bipolarisation PJD-PAM se profile à l’horizon électoraliste.

Par Hicham Alaoui (Maroc)

De visu, les affiches envahissent l’espace public, les hymnes de campagne aussi. De nombreuses voitures, bus et autres taxis-motos portent les couleurs de leur candidat.

Des jeunes, recrutés pour la circonstance, arborent des tee-shirts à la couleur de différents partis en lice pour ces consultations, les 10ème depuis l’indépendance du Royaume en 1956 et les 2-ème du genre sous la bannière de la Constitution 2011.

Les sympathisants placardent autant d’affiches qu’ils peuvent. Murs, poteaux et autres surfaces servent de supports de campagne. La technique est artisanale, de la colle qu’on étale sur les murs pour afficher les imprimés sur lesquels figurent les candidats en lice et les grandes lignes des programmes électoraux des partis politiques.
Certes, les militants n’ont plus que deux jours pour convaincre. Mais, de l’avis des observateurs, la tendance est déjà préfigurée. Une bipolarisation se profile à l’horizon. Un face à face entre le PJD, au pouvoir depuis 2012, et le PAM, parti dit libéral, est d’ores et déjà annoncé.

Bras de fer entre PJD et PAM

Décidément, le PJD et le PAM sont les deux formations-phares du paysage politique marocain, incarnant une bipolarisation à la fois territoriale (villes ou campagnes) et idéologique (conservateurs contre libéraux). Pour ce qui est des partis dits historiques, excepté l’Istiqlal qui arrive à tirer son épingle du jeu en se plaçant deuxième dans les communales de 2015, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), accuse une régression phénoménale. Le parti a ainsi perdu ses fiefs historiques de Rabat et d’Agadir.

Face à cette situation, le duel PJD-PAM s’annonce très serré et chacun des deux partis jouent sa partition. Le PJD, à la tête d’une coalition composée de communistes et de conservateurs, inscrit son programme dans la continuité mettant en avant son bilan qu’il juge positif. « Notre voix, notre opportunité pour poursuivre la réforme ». C’est là le crédo du Parti islamiste.

Son rival, le PAM fustige, lui, le bilan de son adversaire, croissance en panne, taux de chômage exponentiel, des réformes qui sapent le pouvoir d‘achat des citoyens et des secteurs à la traîne. Le parti propose un «plan de sauvetage» et une révision du modèle de croissance ainsi qu’une promotion des droits des femmes.

Les communales, un avant goût des législatives

Si le PJD a fait un raz-de-marée dans les villes lors des élections communales tenues le 4 septembre 2015, il est certes en retrait dans le monde rural, largement dominé par le PAM. Le parti d’Ilyas El Omari est sorti grand vainqueur de ces échéances, avec 21,1% du total des 31.503 sièges à pourvoir, suivi de l’Istiqlal avec 16,2 %. Le PJD s’est positionné en troisième rang avec 15,9%.

Diamétralement opposés, les deux partis sont à rude épreuve avec une petite pondération pour le PAM qui compte sur des électeurs qui en ont ras-le-bol du mode de gestion du PJD, qui n’a fait qu’engouffrer le pays dans la spirale de la dette.

"Nous sommes dans une si­tua­tion de ca­tas­trophe éco­no­mique et so­ciale. La crois­sance est mau­vaise, le chô­mage au plus haut, le taux d’en­det­te­ment du Maroc at­teint 88 %", a déclaré hier au Figaro Ilyas El Omari.

Pour le patron du PAM, l’enjeu de ces élections, "c’est de sau­ver le Maroc éco­no­mi­que­ment et po­li­ti­que­ment".

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