« Droguée à l’or noir », l’Algérie voit ses caisses se vider à toute allure (JA)

Le cours des hydrocarbures ne se redresse guère et l’Algérie, « droguée à l’or noir », voit ses caisses se vider à toute allure, écrit l’hebdomadaire Jeune Afrique dans son numéro à paraitre dimanche.

"Il ne reste pas beaucoup de temps avant la catastrophe et l’humiliation du recours à des prêts internationaux", estime la publication, soulignant qu’un tel sort sera synonyme de sacrifices douloureux pour une population algérienne aujourd’hui peu consciente du danger car habituée à vivre aux frais de l’Etat.

"Tirés de leurs chimères en sursaut comme naguère les Grecs, les Algériens pourraient alors se mettre dans une colère politiquement ravageuse", relève l’hebdomadaire.

Revenant sur les origines du danger qui guette l’Algérie, Jeune Afrique rappelle que le gaz et le pétrole assurent les deux tiers des rentrées budgétaires de l’Etat et représentent 95 pc à 98 pc des exportations.

Le recul du prix du baril, de 120 dollars il y a un an à quelque 60 dollars aujourd’hui, a mis à mal le Fonds algérien de régulation des recettes (FRR), mais aussi le budget de l’Etat, dont 70 pc des dépenses de fonctionnement dépendent de la fiscalité pétrolière et la balance commerciale, qui accuse un déficit de 6,38 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de 2015.

Pire encore, l’Algérie ne connait pas de recettes alternatives, le pays ne fabriquant pas grand-chose, indique l’hebdomadaire, précisant que le Forum des chefs d’entreprise (FCE) recense 760.000 sociétés dans le pays, mais 300.000 d’entre elles ne produisent rien, se consacrant au commerce intérieur.

"Fabriquant surtout pour le marché intérieur, hyper-protégé, l’industrie n’exporte quasiment rien", note le magazine, affirmant que pour chaque dollar exporté, l’Algérie en importe 30.

Selon le ministère du Commerce, cité par Jeune Afrique, sur les 32.000 entreprises réputées commercer avec l’étranger, 450 seulement se disent exportatrices et moins de 160 exportent de façon régulière.

Jeune Afrique pointe aussi du doigt certaines mesures gouvernementales prises "de façon chaotique" pour augmenter la production d’hydrocarbures et engager une diversification de l’économie, mais qui ont un impact négatif sur les investissements étrangers.

Par exemple, les mesures anti-importations visant à appuyer la nouvelle campagne "Consommons local" a mis la pagaille dans les arrivées de voitures, mais aussi dans l’activité d’entreprises algériennes privées de matières premières essentielles, écrit l’hebdomadaire.

"L’insécurité réglementaire qui résulte de ces aberrations a traumatisé encore un peu plus les investisseurs étrangers, qui sont déjà en train de se dérober", note la publication.

Par ailleurs, Jeune Afrique rapporte que le gouvernement algérien est en train d’élaborer un budget rectificatif pour tenter de contenir l’hémorragie financière qui épuise son budget, indiquant que les dépenses d’investissement, dont le sacrifice est politiquement indolore, seront les premières victimes de l’obligation de diminuer le train de vie de l’Etat.

Analysant les difficultés de l’économie algérienne, l’hebdomadaire met l’accent sur une série d’handicaps difficiles à résoudre pour l’Etat, à savoir la "drogue" des hydrocarbures, qui "aveugle les dirigeants du pays", l’omnipotence des petits chefs de l’administration, l’omniprésence du secteur informel, la défiance envers l’entreprise privée et la chute de la valeur du travail.

D’autre part, l’éditorialiste de Jeune Afrique estime que le culte de la stabilité, véritable obsession nationale en Algérie après une décennie de guerre civile, "confine désormais à l’immobilisme".

Le pays "donne l’impression de foncer droit dans le mur, en toute connaissance de cause, sans rien faire pour modifier sa trajectoire", poursuit-il.

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