Douze pays du Pacifique scellent un accord de libre-échange

Douze pays du Pacifique ont scellé lundi un accord donnant naissance à la plus vaste zone de libre-échange au monde et apportant au président américain Barack Obama une victoire politique.

Après cinq ans de négociations conclues par une session marathon de cinq jours, les négociateurs ont annoncé s’être mis d’accord sur le "Trans Pacific Partnership" (TPP). Cet accord vise à fixer des règles pour le libre-échange du "XXIe siècle" et presse la Chine, qui ne fait pas partie des douze pays signataires, d’adapter ses propres règles en matière de commerce, d’investissement et de droit commercial à celles établies par le TPP.

"Après cinq ans de négociations intensives, nous sommes arrivés à un accord qui va créer des emplois, mener à une croissance durable, promouvoir un développement équitable et développer l’innovation dans la région Asie-Pacifique", a affirmé le négociateur américain Michael Froman.

Les pays signataires (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Etats-Unis et Vietnam) représentent 40% de l’économie mondiale.

M. Obama a salué lundi la conclusion de l’accord en jugeant qu’il reflétait "les valeurs américaines". "Nous pouvons aider nos entreprises à vendre plus de produits et de services à travers le monde", a souligné M. Obama dans un communiqué. Il a fait de ce dossier l’une des priorités de son second mandat. "Quand près de 95% de nos clients potentiels vivent en dehors de nos frontières, nous ne pouvons laisser des pays comme la Chine écrire les règles de l’économie mondiale", a déclaré le président américain dans un communiqué.

– ‘Un traité pour le 21e siècle’-

L’accord prévoit une ouverture substantielle des marchés des produits agricoles pour le Canada, les Etats-Unis et le Japon, que cela soit pour le sucre, le riz, le fromage ou le boeuf.

Le Japon a fait d’importantes concessions pour abaisser ces tarifs sur les importations de produits alimentaires, depuis longtemps un point de contentieux avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.

Les Etats-Unis de leur côté ont accepté d’abaisser leur tarifs sur les pièces détachées automobiles venant de pays non signataires du TPP comme la Chine et la Thaïlande même si cela porte atteinte à certaine dispositions du traité américain de libre-échange (ALENA) signé en 1994 avec le Canada et le Mexique.

L’accord établit également des mécanismes pour examiner les contentieux entre les investisseurs étrangers et les gouvernements et pour empêcher ceux-ci de favoriser leurs entreprises publiques lors de la signature de contrats. Il demande également à des pays comme le Vietnam, le Mexique et la Malaisie d’améliorer les normes de protection des travailleurs.

Il s’étend également à des secteurs comme l’échange de données et la propriété intellectuelle qui n’étaient pas couverts par de précédents accords multilatéraux.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a salué "un événement très positif" et un accord "important par son ampleur".

Le ministre canadien du Commerce, Ed Fast, a souligné que l’accord apportait un "véritable changement" tandis que pour le Premier ministre japonais Shinzo Abe, un "nouveau siècle" s’ouvre pour l’Asie, a-t-il estimé, tout en appelant à une participation de la Chine.

"C’est la première pierre géante de notre prospérité future", a réagi de son côté le Premier ministre australien Malcom Turnbull, alors que l’Australie cherche de nouveaux relais de croissance après la fin du boom minier.

– Ratification ardue –

La Malaisie a elle expliqué notamment qu’elle aura ainsi un plus grand accès aux marchés tels que les Etats-Unis, le Canada, le Mexique et le Pérou, pays avec lesquels Kuala Lumpur n’a actuellement pas d’accords de libre-échange.

Initialement prévues pour se terminer jeudi dernier, les négociations se sont prolongées alors que le Canada et le Japon résistaient à s’ouvrir aux importations de produits laitiers australiens et néo-zélandais et que l’Australie, le Pérou et le Chili s’opposaient à la volonté américaine d’augmenter la durée de protection des brevets pour certains médicaments biologiques.

L’accord doit encore être signé et ratifié par les douze pays et cela pourrait s’avérer difficile pour certains d’entre eux.

Nombre de détails de l’accord sont restés secrets pendant la durée des négociations, suscitant des critiques sur les faveurs accordées aux entreprises multinationales face aux intérêts des consommateurs.

Une fois rendus publics, les détails pourraient susciter un mouvement de protestation, surtout au Canada où doivent se tenir des élections législatives dans moins de deux semaines, et aux Etats-Unis où les présidentielles ont lieu dans un peu plus d’un an.

Des parlementaires américains ont déjà prévenu qu’ils ne ratifieraient pas un accord qui ne tiendrait pas suffisamment compte des intérêts américains.

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