« Djihad », la pièce de théâtre contre le fanatisme bientôt traduite en darija, jouée à Rabat

Standing ovation samedi 14 décembre au théâtre national Mohammed V pour « Djihad », la pièce de théâtre écrite et mise en scène par Ismail Saidi.

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Debout au premier rang, le conseiller royal et président délégué du conseil supérieur de l’enseignement, Omar Azziman. Non loin de lui, on pouvait voir le président du conseil national des droits de l’homme et du CCME, Driss El Yazami, visiblement séduit. Le message est venu de Rabat, à l’initiative de l’Institut français : c’est la première fois que "Djihad" est joué en Afrique et au Moyen-Orient. Traduite en plusieurs langues, dont le japonais, la pièce le sera bientôt en darija.

"Djihad" peut faire œuvre utile en terre marocaine. Surtout lorsque l’on sait que le Maroc est l’un des grands pourvoyeurs de jihadistes en Syrie. La présence du président délégué du conseil supérieur de l’enseignement augure-t-elle du fait que "Djihad" pourrait être joué dans les écoles marocaines comme c’est le cas en Belgique et en France, où la pièce est reconnue d’utilité publique.

En attendant, ce soir au théâtre national Mohammed V, de longs applaudissements et un public conquis par une œuvre qui a fait le pari de rire du djihad et du fanatisme.

"Djihad" ou l’odyssée de trois Bruxellois qui partent en Djihad raconte l’histoire de jeunes d’origine marocaine, nés en Belgique, paumés, exclus. Ils ont tous les trois des fêlures dans l’âme, des rêves brisés, des ambitions fracassées. Au bord du précipice, et dans une folle quête identitaire où l’amour se mêle à la haine, ils sont « récupérés » par la mosquée où ils trouvent refuge. Les « frères » les écoutent, contextualisent leur haine, leur inventent un combat et des ennemis. Peu à peu, le voyage en Syrie se fait enfer. Les illusions s’envolent. Les doutes s’installent. Les vérités se font aveuglantes.

L’arme fatale d’Ismail Saidi, l’humour. L’humour noir, grinçant, au vitriol. Les bons mots sont des cartouches. L’ironie se fait plus que jamais forme polie du désespoir. Les larmes succèdent au rire. On est tout à la fois interpellés, bouleversés, retournés. Le rire s’échappe comme une salve de liberté. Pourquoi ces jeunes s’engagent-ils ? Est-ce la vraie guerre ? Qui sont les ennemis ? Est-ce réellement écrit dans le Coran ? Qui a vraiment lu le texte sacré ? Les questions se suivent, les unes plus dérangeantes que les autres. Le vrai et le faux se démêlent. Le Halal et le Haram aussi. Non dessiner n’est pas Haram. C’est juste briser une vocation. Oui, il vaut mieux aimer Elvis Presley que d’aller faire son jihad. Entre rire et larme, la vraie dimension de l’Islam apparaît. Loin des frères et des imams embrouilleurs.

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