Disours royal: le Roi appelle à un réexamen urgent du secteur crucial de l’éducation

Le Roi Mohammed VI n’est pas satisfait de la gestion par le gouvernement actuel en matière d’éducation, l’un des secteurs les plus vitaux du Maroc. Dans un discours adressé mardi à la nation à l’occasion du 60è anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le souverain a usé d’un ton direct et très personnel pour pointer du doigt les faiblesses et les dysfonctionnements dont souffre ce secteur.

Malgré les importantes réalisations du royaume dans les domaines de l’éducation et de la formation, notamment l’accroissement du taux de scolarisation, surtout parmi les filles, le Roi a relevé que le chemin reste long à parcourir pour que le secteur puisse remplir son rôle de locomotive du développement économique et social, notant que le secteur se heurte à de multiples difficultés et problèmes, dus notamment à l’adoption de programmes et de cursus qui ne sont pas en adéquation avec les exigences du marché du travail.

Rappelant l’importance de la "Charte nationale d’Education et de Formation", adoptée dans le cadre d’une approche nationale large et participative, le Roi a déploré l’abandon par le gouvernement actuel de cette Charte, initiée par l’ancien ministre de l’Enseignement, Ahmed Akchichine. «Le gouvernement actuel aurait dû capitaliser les acquis positifs cumulés dans le secteur de l’éducation et de la formation, d’autant plus qu’il s’agit d’un chantier déterminant s’étendant sur plusieurs décennies », a-t-il regretté, avant d’ajouter: « Il faut renoncer à la polémique stérile et détestable qui n’est d’aucune utilité, si ce n’est le règlement de comptes étriqués et la pratique de l’injure et de la calomnie. La stigmatisation des individus ne contribue pas à régler les problèmes, mais plutôt à les exacerber ».

"Pire encore, sans avoir impliqué ou consulté les acteurs concernés, on a remis en cause des composantes essentielles de ce plan, portant notamment sur la rénovation des cursus pédagogiques, le programme du préscolaire et les lycées d’excellence", a-t-il relevé.

Pour le Roi Mohammed VI, la gestion du secteur de l’éducation ne doit être l’objet de surenchères ou de rivalités politiciennes s’agissant d’un secteur aussi vital et crucial pour l’avenir du pays. " Prendre le parti d’énoncer ce diagnostic sur la réalité de l’éducation et de la formation dans notre pays, peut sembler fort et sévère, mais cette démarche émane en toute sincérité et en toute responsabilité du cœur d’un père qui, comme tous les parents, porte l’affection la plus tendre à ses enfants", a-t-il dit.

"Si ton serviteur ne vit pas les difficultés sociales ou matérielles que connaissent certaines catégories de la population, cher peuple, il n’en reste pas moins que nous partageons tous les mêmes préoccupations concernant l’enseignement dispensé à nos enfants", a encore dit le Souverain, qui fête ce mercredi son 50e anniversaire.

«Pour toutes ces considérations, a-t-il poursuivi, il n’est pas raisonnable que tous les cinq ans, chaque nouveau gouvernement arrive avec un nouveau plan, faisant l’impasse sur les plans antérieurs, alors qu’il ne pourra pas exécuter le sien intégralement, au vu de la courte durée de son mandat. Par conséquent, le secteur de l’éducation ne doit pas être enserré dans un cadre politique stricto sensu, pas plus que sa gestion ne doit être l’objet de surenchères ou de rivalités politiciennes ».

Et pour illustrer l’importance de ce secteur à ses yeux, le Roi a nommé dans la foulée son Conseiller, le Pr Omar Azziman, au poste de président délégué du Conseil supérieur de l’Enseignement. Cette nomination va opérationnaliser le Conseil supérieur de l’Enseignement, une instance créée en 2006, en attendant l’adoption des textes juridiques relatifs au Conseil supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche scientifique et ce, en application des dispositions transitoires prévues dans la Constitution.

Par Hasna Daoudi

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