Destitution de Roussseff vs Olympiades: le Brésil vit 48 heures décisives

Le Brésil s’apprête à vivre 48 heures qui resteront gravées dans l’Histoire où il va passer de la phase finale de la dramatique procédure de destitution de Dilma Rousseff à la fête d’ouverture des jeux Olympiques de Rio.

Source AFP

Du béton aride de Brasilia aux collines verdoyantes de Rio, cette séquence commence mardi avec la présentation par le sénateur d’opposition Antonio Anastasia de son rapport devant la commission qui juge l’accusation contre Mme Rousseff, présidente suspendue en mai.

Tout indique que ce document dira qu’elle a violé la Constitution en autorisant des dépenses sans l’approbation du Congrès. Une majorité simple l’approuvant est requise pour poursuivre la procédure de destitution.

"Une étape décisive commence avec la présentation du rapport au sein de la commission spéciale de 21 sénateurs, mais le résultat ne fait aucun doute : 16 pour et 5 contre", a déclaré mardi à l’AFP Ana Amelia, du parti conservateur PP.

Après une journée de débats, la commission votera le rapport de M. Anastasia jeudi -qui s’est déjà déclaré favorable à la destitution- juste à temps pour assister au match entre le Brésil et l’Afrique du Sud, où Neymar aura le mission de donner au pays du "futebol" sa première médaille d’or olympique.

Si la commission du Sénat se prononce pour la poursuite de la procédure d’impeachment, elle ouvrira la porte à la dernière étape. Cette télénovela politique a plongé le Brésil dans sa pire crise institutionnelle depuis des décennies, 24 heures avant la cérémonie d’ouverture des JO de Rio, les premiers d’Amérique du Sud.

Avec la suspension temporaire de Mme Rousseff, qui avec son prédécesseur charismatique Luiz Inacio Lula da Silva, ont travaillé dur pour décrocher et préparer les JO de Rio, c’est au président par intérim Michel Temer, 75 ans, qu’il reviendra de donner le coup d’envoi des Jeux : une ironie du sort car Mme Rousseff accuse son ex-vice président de l’avoir trahie et ourdi un "coup d’Etat" parlementaire.

Lula, 70 ans, icône de la gauche brésilienne, et "Dilma", 68 ans, la première femme à diriger le géant sud-américain, ont décidé de boycotter la cérémonie d’ouverture au Maracana: "Je refuse d’être au second plan", a affirmé la présidente suspendue.

Aujourd’hui, Lula a été rattrapé par l’enquête sur le réseau de corruption au sein du géant pétrolier public Petrobras qui éclabousse son Parti des Travailleurs (PT, gauche) et une bonne partie de l’élite politique et industrielle du pays : il vient d’être inculpé pour entrave présumée à la justice.

Pour Ricardo Antunes, sociologue à l’université Unicamp (Sao Paulo), "c’est la fin du mythe créé par Lula qui n’avait pas de base réelle durable. La fin de cette tragédie c’est 2016, qui aurait dû être le couronnement du cycle doré, et à sa place, on a la destitution de Rousseff".

Les séances des débats en assemblée plénière du Sénat pour le vote final de l’impeachment commenceront le 29 août, quelques jours après la fin des JO, le 21.

La plupart des sénateurs et analystes politiques estiment que la présidente sera destituée et qu’elle perdra donc ses droits politiques pour huit ans. Au moins 54 des 81 sénateurs devraient se prononcer contre elle lors de ce vote crucial.

"Quand le Sénat a accepté l’ouverture de la procédure, il y avait 55 voix pour et maintenant il y en aura encore plus. Peut-être 58. Ce sera le dénouement et le PT lui-même le sait", affirme Mme Amelia.

"Les gouvernements de Lula et Rousseff ont créé des attentes incroyables en 2003 à leur début et leur fin en 2016 est mélancolique", souligne M. Antunes.

Pendant ce temps, le président intérimaire Michel Temer se dit "fin prêt" à se faire huer au Maracana à l’ouverture des JO.

Interrogé récemment par la presse étrangère qui lui demandait s’il estimait avoir le nombre de votes nécessaires pour rester au pouvoir jusqu’en 2018 (fin du mandat de Mme Rousseff), il a murmuré: "C’est ce qu’on me dit".

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