Des protestations autour de la visite du président chinois en République tchèque

Le président chinois, Xi Jinping, a débuté lundi sa visite de 48 heures en République tchèque axée sur la coopération économique, suscitant diverses protestations et une opposition à la politique du président tchèque Milos Zeman, jugée trop pro-chinoise.

Un "partenariat stratégique" entre les deux pays doit être lancé à cette occasion. De nouveaux investissements chinois en République tchèque, d’un montant total d’environ 45 milliards de couronnes (1,66 milliard d’euros) seront dévoilés, selon M. Zeman.

"C’est un nouveau début car il y avait de très mauvaises relations entre la Chine et l’ancien gouvernement tchèque qui se soumettait trop à la pression des Etats-Unis et de l’Union européenne", a affirmé M. Zeman, dans un entretien à la télévision chinoise CCTV, repris par l’agence tchèque CTK.

"Maintenant, nous sommes de nouveau un pays indépendant et formulons notre propre politique extérieure", a ajouté le vétéran de la gauche tchèque, provoquant des réactions indignées d’une partie de la classe politique tchèque.

Sa déclaration a été qualifiée de "répugnante" par le chef du parti d’opposition de droite TOP 09, Miroslav Kalousek.

"La déclaration du chef de l’Etat constitue en fait la négation de la politique extérieure et sécuritaire à long terme de la République tchèque", a-t-il estimé.

Des protestataires ont arboré lundi près de la rue reliant l’aéroport de Prague avec le centre-ville une photo géante du dalaï lama, le chef spirituel des Tibétains, en compagnie de l’ex-président tchèque Vaclav Havel (1936-2011), ancien dissident et militant des droits de l’Homme.

"These gentlemen are at home here" ("Ces messieurs sont chez eux ici"), pouvait-on lire sur cette photo géante.

Le dalaï-lama a visité Prague à plusieurs reprises, pendant la présidence de M. Havel en 1989-2003.

Une cinquantaine de drapeaux chinois hissés dans les rues de Prague avaient été maculés par de la peinture pendant la nuit de vendredi à samedi par des inconnus. Un rassemblement est prévu mardi soir près du siège officiel de la présidence au Château de Prague, pour protester notamment contre la politique de Pékin concernant le Tibet.

"Nous avons honte du président Zeman et du gouvernement, qui ont échangé la défense des droits de l’Homme contre la collaboration avec la Chine totalitaire et communiste", indique une pétition présentée par le directeur de la Galerie nationale, Jiri Fajt.

En mai 2015, M. Zeman a été le seul chef d’Etat européen présent à Pékin au défilé militaire de commémoration de la capitulation du Japon à l’issue de la Seconde guerre mondiale.

La signature de différents mémorandums d’entente est attendue à l’occasion de ce premier déplacement sur le sol tchèque d’un chef de l’Etat chinois, qui assistera ensuite à un sommet sur la sécurité nucléaire aux Etats-Unis, à partir de jeudi.

La République tchèque est membre de l’UE et de l’Otan, et assure actuellement la présidence tournante du "groupe de Visegrad" réunissant également la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie.

Le groupe chinois CEFC avait déjà récemment investi en République tchèque quelque 20 milliards de couronnes (740 millions d’euros) suite à une série de contrats avec notamment la première compagnie aérienne charter tchèque Travel Service, le 5e brasseur du pays et deux groupes médiatiques.

Cette 6e plus grande entreprise privée chinoise a également pris une part majoritaire dans le Slavia Prague, gloire du football tchèque.

L’ancienne vedette du football tchèque, Pavel Nedved, Ballon d’or 2003, doit devenir selon la presse le visage du Championnat de Chine, alors que M. Xi Jinping, lui-même un fan du ballon rond, espère faire de la Chine une puissance de ce sport.

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