Des photos pour déstabiliser el-Baradei (Journal du Dimanche)

En Egypte, il n’y a certes encore aucun candidat officiel à l’élection présidentielle de septembre 2011 mais les coups bas pleuvent déjà. Dernier en date: la diffusion sur Internet de photos de la fille de Mohamed el-Baradei, probable candidat, en maillot de bain. Les clichés ont été publiés par certains journaux égyptiens. Le prix Nobel de la paix 2005 accuse les autorités d’être derrière cette histoire. Et appelle désormais au boycott du scrutin législatif.

Des photos pour déstabiliser el-Baradei (Journal du Dimanche)
Mohamed el-Baradei est-il la victime d’une entreprise de déstabilisation en Egypte? Le prix Nobel de la paix 2005 et ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en est persuadé. Preuve en est, selon lui, les clichés diffusés sur Internet – et repris dans plusieurs journaux du pays – de sa fille, Leïla, en maillot de bain. Sur d’autres photos, la jeune femme, avocate à Londres, apparaît à son mariage, où du vin était servi. Dans un pays musulman, de telles photos peuvent choquer.

Mohamed el-Baradei, très populaire en Egypte et probable candidat à l’élection présidentielle de septembre 2011, voit dans cette affaire la main du régime de Hosni Moubarak, qui chercherait ainsi à le discréditer auprès des électeurs les plus conservateurs. "Une telle campagne représente la seule réponse (…) du régime à ceux qui réclament la démocratie", a commenté Mohamed el-Baradei il y a quelques jours dans les colonnes du quotidien indépendant Al-Dostour .

Moubarak pourrait placer sur fils

Et d’en tirer les conséquences, appelant au boycott des élections législatives, qui doivent précéder le scrutin présidentiel. "Quiconque participera à ces élections, en tant que candidat ou électeur, ira à l’encontre de la volonté nationale", a-t-il déclaré mardi, selon des propos rapportés par le journal indépendant Al-Chorouq , estimant qu’un tel boycott aura pour conséquence de délégitimer le régime en place."Les Egyptiens sont connus comme un peuple patient, mais la patience a des limites", a-t-il encore estimé. Mohamed el-Baradei a toutefois annoncé qu’il poursuivra sa campagne de signatures "pour le changement", annonçant des "manifestation pacifiques" à venir. Le diplomate envisage ensuite de passer à "l’étape de la désobéissance tant que le régime n’aura pas accédé aux demandes de changement".

Rentré au Caire en février dernier, après douze ans passés à Vienne à la tête de l’AIEA, Mohamed el-Baradei demande depuis une démocratisation du régime, alors que l’état d’urgence en vigueur dans le pays depuis 1981 a été renouvelé pour deux ans cette année. Cette mesure autorise notamment les gardes à vue sans limitation de durée et a pour effet de museler l’opposition. Jusqu’à présent, l’ancien directeur de l’agence onusienne a conditionné sa candidature en 2011 à une modification de la Constitution, afin que l’accès au scrutin présidentiel des candidats indépendants soit facilité.

Pour l’heure, aucun homme politique égyptien ne s’est officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle. Le président sortant, Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 29 ans et cinq mandats, à la santé fragile, réserve pour l’heure sa décision. En mai dernier, le Premier ministre égyptien, Ahmed Nazif, s’est prononcé en faveur d’une nouvelle candidature du président sortant, arguant du besoin de "stabilité" du pays. S’il renonce, il pourrait appuyer la candidature de son fils, Gamal Moubarak, dont de nombreux portraits ont recouvert les rues du pays ces derniers mois. Sur la liste des candidats probables, figure également Omar Souleimane, le chef des services de renseignement, très impliqué dans le règlement du conflit israélo-palestinien

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