Départementales en France: la gauche en danger de mort pour 2017

Une cinglante défaite se profile dimanche pour les socialistes au pouvoir en France lors d’un scrutin local lourd d’enjeux avant la présidentielle de 2017, qui pourrait placer l’opposition de droite sur orbite pour l' »alternance » et offrir à l’extrême droite un nouveau succès historique.

La gauche, éclatée et payant le prix des désillusions face aux échecs du président François Hollande, risque de perdre ce jour-là entre la moitié et les deux tiers des 60 départements qu’elle contrôle (sur 101) au second tour d’élections départementales.

Le parti de droite UMP de l’ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012), gagnant du premier tour le 22 mars avec ses alliés centristes (UDI), est assuré de rafler l’essentiel de la mise.

Mais le Front national (FN) de Marine Le Pen, qui a engrangé dimanche dernier un quart des voix, apparaît en mesure de l’emporter dans plusieurs départements, une première qui couronnerait l’ancrage déjà solide de l’extrême droite dans le pays. Le FN lorgne en particulier sur le Vaucluse (sud), une de ses places fortes où s’est implantée Marion Maréchal-Le Pen, nièce de sa présidente et étoile montante du parti. Une victoire semble aussi à sa portée au nord, dans l’Aisne déshéritée.

Un an après la percée de l’extrême droite aux élections municipales et européennes, le premier tour des départementales a confirmé l’entrée de la France dans l’ère du tripartisme et, de l’aveu même de l’entourage de M. Hollande, "l’orientation droitière" de sa société.

Le Parti socialiste (PS) du chef de l’Etat a été éliminé avec ses alliés le 22 mars dans un canton sur quatre. En suffrages, il a été relégué au troisième rang (21,8%), derrière l’UMP (29,4%) et le FN (25,1%).

– ‘La gauche en danger de mort’ –

Le constat est lourd de menaces pour François Hollande en vue de la présidentielle de 2017, pour laquelle le scrutin départemental fait figure d’avant-dernier tour de chauffe avant des élections régionales fin 2015.

"Tout le monde a peur au Palais (de l’Elysée) de son élimination dès le premier tour en 2017", affirme un proche du président, qui le décrit "dos au mur", "à la tête d’une majorité très affaiblie et éclatée", "sans marge de manoeuvre pour de nouvelles réformes".

"La gauche est en danger de mort, elle court le risque de n’être plus qu’une force politique résiduelle", a mis en garde Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès, un laboratoire d’idées proche du PS, dans l’hebdomadaire L’Express publié mercredi.

Face au risque de raz-de-marée en faveur de l’UMP et au "danger" du Front national, le Premier ministre Manuel Valls, qui a essuyé un coup dur avec l’annonce mercredi d’une nouvelle hausse du chômage, a multiplié cette semaine les appels à l’unité à gauche. "Ce message de rassemblement, il est important pour la suite, pour les régionales, comme pour l’élection présidentielle", a-t-il souligné.

Il a exclu en revanche de changer de cap et, tablant sur les premiers fruits de ses réformes et une conjoncture économique internationale plus favorable avec la baisse de l’euro, a appelé à "poursuivre une politique qui va donner des résultats".

Après les départementales, le président Hollande pourrait remanier dans les semaines à venir son gouvernement pour tenter d’élargir et ressouder sa majorité. Il est acquis qu’il gardera M. Valls à sa tête, mais la presse évoque un possible retour des écologistes et l’arrivée de quelques socialistes "frondeurs", critiques du virage libéral opéré par l’exécutif l’an passé.

A droite, la victoire promise à l’UMP devrait renforcer Nicolas Sarkozy au sein de ce parti qu’il dirige depuis l’automne dernier mais où les candidatures à la présidentielle de 2017 foisonnent. "L’alternance est en marche, rien ne l’arrêtera", a clamé le 22 mars l’ex-président, dont le nom reste cité dans une série d’affaires judiciaires qui pourraient contrecarrer son avenir politique.

L’extrême droite reste une épine dans le pied de Nicolas Sarkozy. Sa stratégie d’abstention en cas de duel PS-FN, dénoncée par Manuel Valls comme une "faute morale", est ainsi désapprouvée par 53% des Français, selon un sondage.

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