Décès de François Michelin, figure emblématique de la dynastie familiale

Clermont-Ferrand, France | AFP | mercredi 29/04/2015 – 15:30 GMT | 468 mots

François Michelin, capitaine d’industrie français décédé à l’âge de 88 ans, était parvenu à hisser en un demi-siècle l’entreprise familiale auvergnate de pneus au rang de numéro un mondial.

Celui qui "fut l’homme d’une ville, Clermont-Ferrand, et d’une région, l’Auvergne", dans le centre de la France, "avait compris l’importance de l’innovation et du développement industriel à long terme", a réagi le président François Hollande, saluant "l’un des plus grands industriels français de l’après guerre".

François Michelin avait été nommé cogérant des Etablissements Michelin, à moins de 30 ans, en 1955 par son grand-père, Edouard, l’un des deux frères fondateurs de l’entreprise, auquel il vouait une grande admiration.

"C’est mon grand-père qui s’est occupé de moi. Et il n’a eu de cesse de me faire comprendre l’essentiel du contact avec la matière", ce caoutchouc ouvragé jusqu’à faire un pneu, déclarait-il en 2002.

Né le 15 juin 1926 à Clermont-Ferrand (centre-sud), il se retrouve orphelin à dix ans, après le décès de son père, Etienne, dans un accident d’avion en 1932, puis celui de sa mère quatre ans plus tard.

Après des études de mathématiques, il intègre en 1951 les usines de Clermont Ferrand, berceau auvergnat du groupe depuis sa fondation en 1889. Sous une fausse identité, il apprend pendant 4 ans ses métiers "sur le tas", occupant différentes fonctions, dont celle d’ouvrier.

Ceux qui l’ont côtoyé tout au long de sa carrière le décrivent comme un "visionnaire" et soulignent sa "capacité d’écoute, d’attention", tout en ayant une forte personnalité.

Sous son impulsion, le groupe s’implante sur les marchés américains, devenant le numéro un mondial du secteur, notamment grâce au succès du pneu radial, révolutionnaire dans les années 60, qui lui permet de devancer ses concurrents un à un.

Après 47 ans à la tête du groupe, "Monsieur François" tire sa révérence en mai 2002, transmettant les rênes de l’entreprise à son fils Edouard, cinquième de ses six enfants, qui disparaît tragiquement en mer en 2006.

Stature imposante, regard saillant, ce fervent catholique cultivait la simplicité, refusant tout signe ostentatoire de richesse, jusque dans le choix de ses costumes.

"Mon grand-père m’a dit deux choses que j’ai gardées : la vérité et la réalité sont plus grandes que toi, et l’argent doit être un serviteur, jamais un maître", confiait François Michelin en mai 2013 à l’hebdomadaire Paris Match. "Quand j’ai vu comment mon grand-père vivait, j’ai compris que l’argent c’est très commode, mais que, si l’on n’y prend pas garde, c’est comme une drogue".

Il n’a eu de cesse de perpétuer "l’esprit Michelin", se rendant fréquemment dans les ateliers pour y saluer salariés et ingénieurs. Son paternalisme était pourtant controversé et ses relations avec les syndicats houleuses, émaillées de grève dures comme en 1977.

"Rien ne se fait sans les hommes", confiait-il dans la même interview à Paris Match.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite